Isabelle Aeschlimann

Résidant en Suisse, Isabelle Aeschlimann est l'auteur d'un premier roman, Un été de trop.

Merci Isabelle d'avoir pris le temps de répondre à ces questions :-)

 

1. Un été de trop est votre premier roman. Inconnue du grand public, parlez-nous un peu de vous ?!

A 18 ans je voulais faire du théâtre, partir à Paris. Mes parents m'ont dit : fais une formation et ensuite tu feras ce que tu veux. A 20 ans, après ma formation d'employée de commerce et une maturité commerciale, l'idée d'être comédienne a été remplacé par l'envie d'inventer moi-même les histoires.  Pour assurer mon avenir professionnel et aussi parce que j'avais besoin de voir autre chose que mon petit village, j'ai décidé de partir apprendre la langue allemande. Je suis d'abord allée au Sud de l'Allemagne puis j'ai suivi un ami qui partait à Berlin. Je suis partie sans rien, avec mes petites économies, et j'ai trouvé du travail sur place. J'y suis restée deux ans. Ensuite après un temps en Suisse allemande, j'ai eu besoin de retrouver mes racines, mes amis et ma famille. Alors je suis rentrée en Suisse romande. Aujourd'hui j'ai 33 ans, j'ai une famille et je travaille à temps partiel. 

 

2. Hormis le fait que vous ayez vécu à Berlin, avez-vous puisé d’autres éléments de votre passé pour écrire ce roman ?

Des tas ! Mais tout est transformé, transposé dans d'autres situations, mélangé, exagéré, caricaturé.  J'ai lu quelque part que dans nos rêves, lorsqu'il y a plusieurs personnages, chacun d'entre eux est une facette de notre personnalité. Qu'en fait chacun de ces personnages est une part de nous. Eh bien pour l'écriture je le ressens comme ça: une part de moi ressort dans chacun de mes personnages. Sinon concrètement : j'ai fait un stage dans un bureau à Offenburg. J'ai habité le quartier de la Simon-Dach Strasse où vit Emilie, je suis sortie au pub de la Hackeschermarkt. Le personnage de Nick existe ! Je me suis inspiré d'un fils de riche de 20 ans rencontré quand j'avais 18 ans. Physiquement c'est exactement lui. Quant au caractère je ne sais plus comment il était. A force d'imaginer mon Nick, je ne me souviens plus du vrai. Il y a aussi des clins d'oeil pour les gens qui me connaissent. De petites phrases qui sortent de ma vraie vie, comme ma virée en Irlande avec une amie. Parfois il y a des événements, des souvenirs, que je ne sais plus si je les ai vraiment vécus ou si je les ai imaginés. C'est un peu troublant.

 

3. Dans Un été de trop, Markus et Emilie idéalisent leur amour passé avec un regard propre à leur âge. Croyez-vous au coup de foudre tel que l’ont vécu vos héros : une rencontre suivie d’une séparation de huit ans avant les retrouvailles ?

Est-ce que je crois au coup de foudre ? Je me suis souvent posée cette question. Et j'en ai conclu que je n'y crois pas.  Le coup de foudre veut dire qu'on tombe passionnément amoureux de quelqu'un qu'on ne connaît pas.  Ce n'est donc pas vraiment de l'amour mais plutôt une envie de tomber amoureux.  Ou alors on tombe amoureux d'un fantasme, d'une idée qu'on se fait d'une personne (fausse, complètement idéalisée). Et je dois dire que cela me dérange de penser qu'on peut tomber amoureux de quelqu'un malgré nous. Cela veut-il dire que personne n'est à l'abri d'un coup de foudre ? Je n'y crois pas.  Quand on tombe amoureux, c'est qu'on est disposé, qu'on est réceptif à ce sentiment. Ça ne nous tombe pas dessus si on est heureux avec son partenaire. Emilie et Markus se sont tout de même côtoyés pendant trois mois, ont discuté ensemble, partagé des activités. Ils se plaisent. Ils éprouvent de l'attirance l'un pour l'autre. Je ne crois pas que c'est un coup de foudre. Ensuite pour ce qui est de la séparation, alors je crois tout à fait qu'une séparation peut justement amplifier le sentiment amoureux. Car on garde un souvenir idéalisé de l'autre, nos souvenirs sont sélectifs. Dans le cas de Markus et Emilie, ils n'ont pas eu l'occasion de comprendre et de partager leurs sentiments. C'est pourquoi ils restent dans un coin de leur tête comme une frustration, quelque chose d'inachevé.

 

4. Quel est selon vous LE mot qui définit votre roman ?

La Tentation.

 

5. N’est-ce pas trop difficile de gérer votre vie personnelle, votre vie professionnelle et votre vie d’auteur ?

Si ! Très ! Ça demande une bonne discipline : s'accorder du temps pour chaque activité en s'y tenant, sinon cela génère une grande frustration. Et le plus important : bien séparer chaque vie. C'est à dire que quand je suis avec ma famille, j'essaie de ne pas avoir trop la tête dans mon livre et quand je suis le nez dans mon livre, j'essaie de ne pas lorgner le tas de lessive qui attend qu'on l'emmène à la buanderie... Chaque chose l'une après l'autre. Mais c'est très difficile pour moi, je suis quelqu'un d'assez dispersée. J'ai vite les pensées qui partent dans tous les sens.

 

6. Quels sont vos auteurs favoris ?

David Foenkinos, je suis complètement fan de sa manière d'écrire et son humour très subtil.

Anna Gavalda avec Ensemble c'est tout et Katherine Pancol avec sa série Les Crocodiles, etc. m'ont énormément plu au niveau de la psychologie des personnages, du cheminement de reconstruction des êtres qui retrouvent un sens à leur vie.

Martin Sutter,  Françoise Sagan, Truman Capote,  Katherine Mazzetti (Le mec de la tombe d'à côté, trop génial), Douglas Kennedy, ohlala il y en a tellement...

 

7. Vous aimez lire, mais quels sont les trois romans qui ont davantage retenu votre attention ?

La Délicatesse de David Foenkinos pour sa manière de décrire la relation amoureuse de manière légère et drôle, pour ses phrases courtes et percutantes.  Je l'ai relu trois fois pour "apprendre de son style".

Les yeux jaunes des crocodiles de Katherine Pancol, où j'ai aimé la multitude d'histoires dans l'histoire. Elle a la capacité de donner du volume à ses nombreux personnages et à les rendre attachants en peu de phrases. Lors d’une interview, elle expliquait que les détails sont très importants dans une histoire, pour que ses personnages prennent de l'ampleur, aient leur propre caractère.

Ne le dis à Personne de Harlan Coben. Habituellement je ne suis pas une grande fan de thriller mais là, j'ai a-do-ré ce livre, que j'ai relu plusieurs fois. On est pris dans l'histoire, on ne peut plus s'arrêter. C'est ce que j'aime chez cet auteur : l'art d'enchaîner les chapitres en accrochant son lecteur pour lui donner envie de continuer à lire. Le rythme qu'il utilise. J'ai entendu une interview de Jean-Christophe Grangé, le célèbre auteur de Polar (de Les Rivières Pourpres entre autres) et il disait que les auteurs français n'ont pas les soucis d'accrocher leur lecteur comme les américains. Je trouve sa remarque intéressante.

 

8. Avez-vous un rituel d’écriture ? (Des horaires, des périodes, …)

J'en suis à ma deuxième vie d'écrivain. Avant d'être maman, j'écrivais n'importe quand, pendant des heures. Depuis que j'ai un enfant,  mon temps d'écriture demande un peu plus d'organisation et de discipline, c'est moins spontané. Mais j'apprécie d'autant plus ces moments. Ensuite il y a des périodes plus propices à l'écriture que d'autres. L'hiver est une bonne période pour moi.  

 

9. A ce jour, Un été de trop est un véritable succès en Suisse, plusieurs séances de dédicaces ont eu lieu en 2012, quelles sont les dates pour 2013 ? (En Suisse ou ailleurs !)

Un véritable succès est peut-être un peu exagéré, mais c'est vrai que pour un premier roman d'une parfaite inconnue comme moi, un tirage de 800 exemplaires est réjouissant. La grande actualité de ce début d'année est que j'ai été sélectionnée par Isabelle Falconnier, la présidente du salon du Livre de Genève, pour participer à un projet de parrainage, qui a pour but de mettre en avant la "relève littéraire". Nous sommes 5 duos de Parrains-Poulains (auteurs confirmés/auteurs débutants). Mon parrain est l'écrivain Jean-Michel Olivier qui a reçu le prix Interallié 2010 pour L'Amour Nègre. Je suis très impressionnée. Le projet est expliqué sur la page du salon du livre www.salondulivre.ch. Je serai donc présente au Salon du livre de Genève qui a lieu du 1 au 5 mai. Il y aura un entretien de chaque duo en public. Et comme mon éditeur Les Editions Plaisir de Lire sera présent, je suppose qu'il y aura des séances de dédicace sur le stand. D'autres dates sont en cours de confirmation. N'hésitez pas à vous inscrire à ma newsletter sur mon site internet www.isabelleaeschlimann.ch pour vous tenir au courant des actualités.

 

10. Avez-vous un autre projet d’écriture ?

Oui. Une histoire qui mûrit en moi depuis quelques temps déjà.  Ce sera plus personnel, tout en restant une fiction. C'est un projet assez ambitieux car il comporte plusieurs histoires dans l'histoire, à plusieurs époques différentes. J'adore les années 60 et j'aimerais situer une partie du roman à cette époque. Enfin pour le moment, j'écris tout ce qui me passe par la tête et une grande partie passera à la poubelle. Mon énorme difficulté étant que j'ai tellement d'idées différentes que c'est un gros travail pour y mettre de l'ordre. Commencer un nouveau livre est très excitant mais très perturbant. Je n'ai plus de structure, de ligne directrice, tout est à créer. J'ai un millier de choix à faire, garder ceci pour jeter cela, c'est très difficile. Alors que lorsque j'ai commencé à écrire Un été de trop, les premiers chapitres et la structure se sont dessinés rapidement de manière très clair dans ma tête. Je ne sais pas pourquoi.  En revanche je n'avais pas la fin avant les deux tiers du roman. Cette fois j'aimerais bien avoir un plan complet pour pouvoir mieux broder autour de l'intrigue.

 

Un énorme merci Gwen pour cette interview très complète.

 

Réalisée le 06 février 2013

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