Estelle Billon-Spagnol - Y a pas que la vie

Un vendredi soir comme un autre au Dakota, la boîte de nuit à la mode du moment. Les jeunes, venus des quatre coins de la campagne environnante, se retrouvent, boivent, dansent, s'éclatent.

Parmi eux : Poussin, Griez et Sko, trois amis qui ont grandi dans le même village et habitent la même rue ; aussi différents que potes à la vie à la mort.

Quand, sur une départementale connue par cœur, l'accident arrive, il enlève avec lui, en un fracas de tôle, jeunesse et amour naissant.

Restent alors les vivants.

 

Mon avis: 

 

Quelle magnifique histoire. Quel magnifique coup de cœur pour ce roman qui est bouleversant de sincérité. 

 

A la lecture du résumé, on comprend que les jeunes vont devoir faire face à la mort. A la lecture des premières pages, on comprend que les jeunes ne sont pas trois - tel que suggéré par le résumé - mais beaucoup plus nombreux; un groupe d'amis, de connaissances, dont le point commun est le trio d'amis d'enfance formé par Sko, Griez et Poussin. Dès lors, on se demande qui va perdre la vie. 

 

Le roman commence doucement: une soirée en boîte de nuit pour fêter le départ prochain de Poussin (de son vrai prénom, Sandro) pour l'école de police. Accompagné de ses acolytes de toujours, Griez (Oscar) et Sko (Alexis), la soirée bat son plein, ils boivent, dansent, draguent. On les découvre et avec, un peu de leurs vies de presque adultes avec des préoccupations propres à leurs âges, les interrogations, les doutes, les filles. Une soirée comme une autre, sauf pour Sko qui croise le regard d'Annabelle. Quelques secondes qui chamboulent sa vie et son cœur. Entre eux, c'est le coup de foudre, le vrai, celui qui efface le reste du monde. Et pourtant, Sko est en couple avec Virginia, Annabelle avec Tomas. Mais Sko n'y peut rien et Annabelle non plus. Ils se sentent attirés l'un vers l'autre et vont débuter une histoire secrète. Et... Stop! Je n'en dirai pas plus au risque de trop en dévoiler. 

 

Le drame dont il est question dans le résumé ne se déroule pas dès les premières pages. L'autrice prend le temps de nous dévoiler toute sa galerie de personnages, de les rendre attachants, humains, réels. Elle nous parle de leurs complexes, de leurs envies, de leurs combats et même de la rage, qu'elle soit liée à l'humiliation, à la victoire, à soi. 

 

Il en résulte que, nous lecteur, nous sommes à l'affut de cet accident qui va détruire des vies. Qui de Sko, Virginia, Cléo, Annabelle, Griez, ... va mourir? 

 

Ce roman vous prend aux tripes. Les émotions décrites sont pures et bouleversantes. L'empathie est plus que présente et on souffre avec ceux qui souffrent. Elle pose le sujet du deuil assez tard dans le roman, plus tard que l'accident en lui-même. Et au travers de ses différents personnages, le deuil est abordé de différentes façons. Après l'accident, chacun a son mécanisme de défense pour lutter contre le chagrin: le déni, le renfermement sur soi. Il y a ceux qui acceptent de vivre avec l'absence. Ceux qui ont déjà dû faire face à la mort. A la lecture des mots, on se prend à se dire que l'on comprend untel ou untel car on réagirait comme ça. Et pourtant, on ne peut pas savoir car on ne vit pas ce que vivent les personnages. 

 

Ils doivent apprendre à composer avec l'absence mais paradoxalement, avec la présence de cette absence. 

 

"Je ne sais pas quoi foutre de tout ça. Du temps qu'on n'a pas eu, du temps que j'ai, moi."

 

Comme je le disais, dès les premières pages, l'autrice nous jette dans cet univers entre l'adolescence et le monde d'adulte, et l'on s'attache à tous les personnages. Sans exception, pour ma part. Le trio - Sko, Griez et Poussin - est le point commun à tous les autres, mais j'ai trouvé que le personnage de Sko était le plus étoffé. Peut-être en raison de son histoire avec Annabelle, je ne sais pas, mais il m'a semblé être celui avec lequel l'autrice avait davantage pris son temps. Pourtant, Griez n'est pas en reste quand on découvre son passif. 

 

La plume est fluide, belle, franche. Je ne connais pas du tout cette autrice, je ne peux donc pas comparer avec ses autres (nombreux) romans, mais la violence et la franchise de la plume nous percutent comme pour nous réveiller, nous obliger à regarder la vérité en face, puis à avancer. Un doux paradoxe car sa plume est franche et douce à la fois. Quand elle évoque les sentiments amicaux ou amoureux, on sent notre cœur fondre. Une utilisation parfaite des mots et des émotions qui ne peut pas laisser insensible. 

 

Vous l'aurez compris, j'ai été séduite par Y a pas que la vie qui explore la vie sous toutes ses formes, celle sur Terre, celle que les vivants imaginent pour les défunts, celle que l'on doit continuer de savourer malgré l'absence. Avec une plume incroyablement juste et belle, l'autrice nous parle du coup de foudre, de l'humiliation, du sentiment de ne pas exister, de cette rage de partir pour voir autre chose, de cette faim de vivre qui nous dévore tous, de ces secrets qu'il est préférable de ne pas divulguer, de ce regard des autres au travers duquel on se construit. Y a pas que la vie, il y a aussi ce qui la compose et qui la rend si belle. 

 

Note: 20/20

Coup de cœur! 

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Commentaires: 2
  • #1

    Les lectures de Marinette (lundi, 09 octobre 2023 21:04)

    Lu à sa sortie, tu me donnes des envies de relecture ! ❤

  • #2

    Les Mots de Gwen (jeudi, 12 octobre 2023 18:28)

    Ah...!!! Parfois, certains sont très agréables à relire!