Raoul Dirêvie - L'école, ma maîtresse

"J'ai 36 ans. Je me suis marié voilà douze ans avec celle qui est aujourd'hui la maman de mes deux fils. A peine deux mois plus tard, je débutais comme professeur des écoles, faisant du même coup, sans le savoir, de l'Ecole ma maîtresse." Ainsi démarre le récit d'un jeune enseignant qui retrace son parcours professionnel depuis l'enthousiasme des débuts jusqu'à la limite du burn-out. Au fil d'une analyse lucide et amère, il évoque sa relation passionnelle avec l’École, commente la politique menée en matière d'éducation ces dernières années et règle ses comptes avec ce métier qu'il aime tant mais qui lui vole sa vie.

 

Mon avis:

 

Pour commencer, je tiens à remercier l'auteur pour m'avoir proposé de découvrir son texte; merci pour sa confiance ! L’École, ma maîtresse c'est le témoignage d'un enseignant encore jeune mais qui se sent au bout du rouleau. Lorsqu'on ne vit pas de ce côté de la barrière, on ne se rend pas compte de la difficulté que représente l'enseignement.

 

Encore jeune, Raoul Dirêvie a eu cette révélation: il était fait pour enseigner. De ce fait, il a suivi le cursus normal jusqu'à ce qu'il arrive là où il le souhaitait: dans une salle de classe. Une première année plutôt agréable suivi d'une deuxième année qui le propulse à la tête de son école. Puis vient la troisième année, la quatrième, la cinquième, et ainsi de suite. Au fur et à mesure que les années passent, Raoul Dirêvie constate que l'école est laissée à l'abandon par les pouvoirs publics. Et surtout, que ces principaux acteurs - c'est-à-dire les enseignants - ne sont pas consultés pour des réformes qui frôlent parfois l'absurde.

 

Au travers de ces 145 pages, Raoul Dirêvie dresse une sorte de bilan. Ce qui l'a poussé à écrire ce témoignage.

 

"Mais l’école n’est pas une maîtresse comme celle que l’on prend dans les vaudevilles pour s’octroyer un peu de bon temps, non. Elle est plutôt d’un genre vicieux, elle est exclusive. Elle est gourmande en temps et en énergie. Elle réclame toute votre attention tout le temps. Le jour. La nuit."

 

Sans trop stigmatiser, il nous fait partager son expérience, sa vision des choses et son incompréhension. Les années passent et inexorablement, son travail le domine; il ne vit que par lui et pour lui. A deux reprises il tenta de s'en détacher, en vain.

 

Ce témoignage est intéressant pour différentes raisons. Tout d'abord, il nous éclaire sur les conditions de travail de l'enseignant qui ne travaille pas que lorsqu'il est en classe, mais aussi chez lui; ensuite, il nous rappelle les différentes réformes mises en place et peut-être oubliées; puis, il nous montre combien les parents pensent que toutes décisions résultent de l'enseignant, comme si au-dessus de lui il n'y avait personne; enfin, il met en avant les difficultés que rencontre le corps enseignant et ce à quoi elles mènent. J'ai ouvert les yeux en grands lorsqu'il mentionne certains

 

Cependant, il y a un point sur lequel je ne suis pas totalement d'accord avec l'auteur: c'est lorsqu'il écrit "On me dira que c’est partout pareil, qu’aucun secteur professionnel n’est épargné. Que tous les salariés sont soumis à la même pression, que tous sont désabusés. J’en conviens. Peut-être ne suis-je pas très objectif mais il me semble quand même que lorsque l’on a à «gérer de l’Humain», lorsqu’autant d’affect est mis en jeu, c’est encore plus difficile à accepter." Selon moi, toutes les branches sont concernées à moment ou à un autre par le stress, celui-ci étant plus ou moins élevé. Et je trouve "bancale" la référence à l'humain car si l'on se penche d'un peu plus près, la plupart des métiers sont en relation avec l'humain, directement ou pas. Le patron d'un hôpital ne rencontre certes pas les patients, mais il doit gérer ses employés et les prendre en compte lors de décisions.

 

Mais mis à part ce petit détail qui finalement ne relève que de mon avis personnel et non de la qualité du texte, L’École, ma maîtresse est un très bon témoignage. Un témoignage précis puisque vécu récemment par son auteur. Un témoignage enrichissant et qui permet de mieux comprendre le fonctionnement de l’enseignement. Même si l'auteur n'est pas enseignant au collège ou au lycée, nous pouvons supposer que les directives sont similaires. Ces éclaircissements concernant certaines réformes permettent de mieux percevoir l'absurdité du gouvernement qui privilégient certains domaines au détriments de l'éducation qui représente en grande partie l'avenir.

 

Note: 15/20

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Commentaires: 6
  • #1

    Hinahon (jeudi, 21 avril 2016 15:55)

    (commentaire du 21 mai 2014, 21h58)
    L'auteur me l'a envoyé aussi je suis en train de le lire ^^

  • #2

    Les Mots de Gwen (jeudi, 21 avril 2016 15:56)

    (commentaire du 22 mai 2014, 16h36)
    Bonne lecture !! J'ai hâte de lire ta chronique :)

  • #3

    le livre-vie (jeudi, 21 avril 2016 15:57)

    (commentaire du 24 mai 2014, 10h59)
    Lu aussi! une lecture que j'ai appréciée, surtout ses références à l'intime, sa vie...

  • #4

    Les Mots de Gwen (jeudi, 21 avril 2016 15:57)

    (commentaire du 24 mai 2014, 14h48)
    Le côté intimiste rend le récit plus sincère et plus proche, un bon point! Je vais lire ta chronique de ce pas!

  • #5

    cocote (jeudi, 21 avril 2016 15:58)

    (commentaire du 13 février 2015, 08h15)
    Donner une note au livre d' un instit au bout du rouleau..... est ce nécessaire et adéquat????

  • #6

    Les Mots de Gwen (jeudi, 21 avril 2016 15:59)

    (commentaire du 13 février 2015, 14h05)
    L'instit en question m'a proposé la lecture de son livre et par conséquent, il en a accepté les conditions. J'ai eu des auteurs qui n'étaient pas certains de voir une chronique publiée, ils me l'ont spécifié avant. Et j'accepte! Ensuite, cet auteur a souhaité avant tout transmettre un message, il donne son avis sur un milieu pas toujours bien connu; son avis aussi est-il répréhensible? Je ne pense pas. Avec cette note, c'est surtout son message, et la façon dont il a traité le sujet, que j'ai souhaité "évaluer".