Helene Cooper - La maison de Sugar Beach

1966, enfance dorée, Monrovia, Liberia. Aujourd'hui, grand reporter, Washington, Etats-Unis. Helene Cooper a grandi et vécu sa première adolescence dans le très privilégié milieu des Congos, ces descendants des esclaves affranchis d'Amérique venus créer le Liberia au XIXe siècle en Afrique. Le 12 avril 1980, grand ciel bleu, elle se réveille dans sa maison de 22 pièces, se prépare à sa leçon de ballet et à faire la demoiselle d'honneur l'après-midi.

Mais non, c'est le coup d'Etat, sa société est renversée. Un mois plus tard elle fuit aux Etats-Unis avec sa mère et sa sœur, laissant derrière elle Eunice, sœur adoptée et meilleure amie, d'une tout autre caste. Helene Cooper fait un magnifique récit sur le Liberia contemporain, à partir de sa propre histoire. Avec un subtil mélange de tendresse et d'honnêteté, elle raconte comment des gens comme elle se sont rendus coupables d'effroyables injustices sans être pour autant monstrueux.

Les anecdotes sont souvent drôles, les télescopages de la grande et de la petite histoire donnent la mesure des paradoxes de chacun. Helene Cooper est enjouée, franche, impitoyable.

 

Mon avis:

 

Avant de commencer, je tiens à remercier les Éditions Zoé pour cette belle découverte. Eh oui, à présent, j’en connais un peu plus sur le Liberia !

 

A la question "Pourquoi ce livre ?", je répondrais dans un premier temps que la jaquette m’a attirée ; je lui trouvais un charme ancien, très tentant. Ensuite, le titre, doux et sucré, promesse d’un bon moment. Cependant, à la lecture du résumé, on comprend rapidement que le doux-sucré va vite se transformer en amer-salé.

 

Hélène Cooper existe bel et bien, ce roman n’est autre que son histoire. En toute franchise, je connais très peu le continent africain, je suis même allée sur le net pour savoir où se trouve le Liberia ! Au travers de La maison de Sugar Beach, elle nous livre son histoire, une histoire plus qu’intimement liée à celle de son pays.

 

Hélène Cooper est la descendante d’esclaves américains affranchis au XIXème siècle, des esclaves ayant quitté les États-Unis pour s’installer au Liberia. Elle voit le jour dans un milieu aisé puisque ses ancêtres ont une renommée que l’on ne nie pas : ils ont fondé Monrovia, la capitale. Ces hommes, qui se sont heurtés aux autochtones, sont surnommés les Congos. Le pays a prospéré, la famille d’Hélène aussi. A sa naissance, elle n’est pas à plaindre : maison de 22 pièces, climatisation, personnel de maison, … Ses parents adoptent même une petite fille (qui n’est pas orpheline, mais un peu d’argent fait plaisir à la mère) pour qu’en plus de Marlène - sa sœur de sang - elle ait une deuxième sœur, Eunice. Mais, en 1980, les tensions déjà présentes depuis quelques mois, explosent et c’est le coup d’état. Dès lors, la famille d’Hélène doit fuir mais surtout, faire des choix.

 

J’ai peut-être mis une semaine à le lire, cela ne veut pas dire qu’il était inintéressant. En réalité, mon avis est partagé. Autant j’ai aimé le côté historique proche et découverte, autant la première partie fut soporifique. Toute cette première partie est consacrée aux ancêtres d’Hélène, un passage très long, trop lourd. Le tout aurait pu être résumé en une dizaine de pages. Non pas que cela ne m’intéresse pas, mais selon moi, la guerre était plus intéressante. Bref, si l’on saute les douze premiers chapitres (soit 170 pages), on entre de suite dans le vif du sujet et tout devient plus palpitant. A ce moment, Hélène doit faire face à une violence incroyable et assister à des exécutions arbitraires de personnes qu’elle connaît. Avec sa mère et sa sœur Marlène, elle fuit aux États-Unis, laissant son père, Eunice et sa vie derrière elle. Je ne m’étends pas sur ce qu’elle devient aux États-Unis, je vais juste dire que finalement, elle réussit bien sa vie en devenant reporter. Le récit commence à 1973 (Hélène a 7 ans) et se termine en 2003 quand elle décide de retourner dans son pays afin de retrouver Eunice, mais aussi de revoir les choses de son passé : sa maison, ses rues, …

 

Comme je le disais, la première partie m’a légèrement endormie, à la différence de la seconde qui, pour tous, se révèle intéressante. En lisant La maison de Sugar Beach, j’ai réalisé que tous les faits racontés s’étaient déroulés il y a peu de temps. Toutes ses atrocités ont été subies par des hommes, des femmes et des enfants il y a trente ans, et pendant si longtemps que je me demande aujourd’hui pourquoi je n’ai pas le souvenir d’en avoir entendu parlé ?? Certes, quand le conflit a éclaté, je n’étais pas née, mais je trouve dommage que cette période ne soit pas davantage mise en avant tout comme on nous rabâche la Seconde Guerre Mondiale au collège et au lycée.

 

Enfin, on s’éloigne un peu du sujet !

 

La maison de Sugar Beach est donc un beau roman. Avec des mots justes, Hélène Cooper nous explique ce que fut le Liberia, comment elle a construit sa vie et comment elle s’en est sortie. Elle a su nous plonger au cœur de ce pays avec une écriture très agréable, fluide, qui permet une belle visualisation des lieux. Étonnamment, elle n’a pas de mots accusateurs envers les groupes qui ont engendré les années noires de la guerre, elle semble penser que finalement, cela devait arriver. Et qu’aujourd’hui, il faut passer à autre chose. Toutefois, je ne comprends pas pourquoi elle décide de mettre Eunice "quelque part tout au fond" d’elle, cette façon qu’elle a de l’abandonner à son sort pour mieux revenir plus tard. Je dois dire que ça semble un peu égoïste, comme si elle voulait attendre d’avoir réussi dans sa vie avant de retrouver ceux qu’elle aime ; car dès lors qu’elle retourne au pays, nombreux sont ceux qui saluent sa réussite. Une belle réussite, puisqu’elle est aujourd’hui correspondante pour la Maison Blanche.

 

Dernier point : rien sur son père dans les remerciements ! Non pas que je la juge, mais quand on lit le passage qui relate sa visite au cimetière, on s’attend à quelque chose.

 

Note: 13/20

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Commentaires: 2
  • #1

    Anne (samedi, 23 avril 2016 13:58)

    (commentaire du 20 août 2013, 20h29)
    C'est du lourd !

  • #2

    Les Mots de Gwen (samedi, 23 avril 2016 13:58)

    (commentaire du 22 août 2013, 15h29)
    Amusant que tu dises ça car on pourrait le prendre de différentes manières! Aussi bien le texte que j'ai trouvé lourd au début ou bien le sujet en lui-même!