J’ouvre les yeux avec difficulté. Il fait noir, je suis en position allongée, mon corps et ma tête sont douloureux, et l’air est saturé d’une forte odeur de pin. Aucun bruit ne se fait entendre si ce n’est celui de ma respiration paniquée, réverbéré par la boîte en bois dans laquelle je suis enfermé. J’ai l’impression de mourir.

De mon point de vue, je n’ai rien fait pour mériter cela. Du point de vue de celui qui m’y a mis, il y a pourtant une raison très simple...

 

Mon avis: 

 

Avant tout, merci à Julien Morit pour sa confiance qu'il réitère pour la troisième fois. En effet, il m'a déjà permis de découvrir ses deux romans précédents: Cent minutes et 32 possibilités. Avec Point(s) de vue, il change légèrement de registre. Si jusqu'ici ses romans étaient dominés par l'aspect fantastique, il n'en est rien dans ce troisième qui reste très concret et s'oriente davantage vers le thriller. 

 

Nous faisons la connaissance de Paul Sartre lorsqu'il fête ses 40 ans. Si l'esprit de tous est à la fête, Paul tente de faire bonne figure, son esprit étant tourné vers des questionnements plus profonds que les cadeaux qu'il va recevoir; il s'interroge sur le fonctionnement du monde dans lequel il vit et ce qu'il va laisser derrière lui. 

 

Ce roman me laisse perplexe, il faut l'avouer... Comme pour les précédents de l'auteur, j'ai beaucoup aimé la plume. Très travaillée, on sent une certaine maturité et cela éclipse l'idée que nous lisons le roman d'un jeune auteur. 

 

Si ce roman me laisse perplexe, c'est en raison de son thème et de sa construction. Le thème ne m'a pas convaincue, je l'ai trouvé à la fois vite expédié et trop peu expliqué. On comprend qu'ils veulent s'en prendre à de gros groupes, mais sans que l'on comprenne exactement pourquoi. Oui, cela est expliqué, mais pas très approfondi selon moi. Le roman se veut thriller, malheureusement, je ne l'ai pas perçu comme tel. L'idée de sa construction est bien puisque nous découvrons Paul enfermé dans un cercueil, nous remontons le temps pour comprendre comment il en est arrivé là, et en parallèle de cela nous lisons des chapitres relatant les auditions de sa femme. Des allers-retours agréables et dynamisant le récit, mais trop peu. En effet, j'aurais apprécié de lire davantage de chapitres relatant l'enfermement de Paul, même courts, pour davantage rythmer le récit. Car les actions, les différentes réflexions de Paul, ont un peu plombé le récit. Alors qu'intégrer quelques chapitres supplémentaires de Paul enfermé aurait ajouté un peu plus de suspense. Le rythme prend malgré tout son envol, mais un peu trop tard selon moi. 

 

Ensuite, j'ai relevé une certaine rapidité dans l'organisation et du groupe, et des actions. Je n'y connais rien, mais permettre à Paul de mûrir son projet pendant plusieurs semaines et laisser le groupe réfléchir à ses actions pendant des semaines m’aurait semblé plus crédible. Peut être est ce le cas, et si oui, je m'excuse de cette remarque, mais si cette question de temps est respectée, je ne l'ai tout simplement pas perçue. 

 

Une histoire qui m'a fait penser à Snowden et compagnie (à ce propos, je vous conseille le film Snowden qui est excellent !), mais qui manque un peu de profondeur. On ne comprend pas les tourments de Paul et les raisons qui le poussent à agir. On le sent tourmenté sans en comprendre les raisons (s'est-il passé quelque chose qui a déclenché ces interrogations ?), si bien qu'il m'a semblé antipathique malgré ses bonnes volontés. 

 

Un roman que je vous laisse découvrir si vous êtes adeptes des suspenses très soft. 

 

Note: 13/20