Catherine Bessonart - Et si Notre-Dame la nuit...

«Après le cou, ce qui l'émouvait le plus chez une femme, c'était le poignet, alors il se pencha vers la femme inconnue, effleura ses veines qui ne battaient plus et lui fit la promesse muette que justice serait faite.»

Il s'appelle Chrétien, pourtant il se dit "mécréant, tendance bouddhiste".

Flic, fraîchement divorcé, il en est proie à une sorte de nervosité - il vient d'arrêter de fumer - mais pas seulement. Il pressent un malheur imminent qui ne tarde pas à survenir : neuf des plus belles statues de Notre-Dame de Paris sont décapitées ; puis, très vite, une jeune femme. La première d'une longue série...

L'enquête que mène le commissaire Bompard l'amène au sentiment qu'il est intimement mêlé à cette affaire. De quelle manière ? Ses doutes se confirment quand le meurtrier le menace dans ce qu'il a de plus cher : son ex, Mathilde. Cette enquête est époustouflante : le lecteur tombe sous le charme du commissaire et dans les mailles d'une intrigue qui le tient en haleine jusqu'au dénouement de ce polar psychologique, dense et attachant. Un grand moment de plaisir.

 

Mon avis:

 

Un polar psychologique et touchant. 

 

Notre héros est un flic quadragénaire grognon. Pourquoi ? Déjà, il est divorcé de la femme qu’il aime ; ensuite, parce qu’il a arrêté de fumer ; enfin, parce que le jour où il décide justement de cesser d’intoxiquer ses poumons, lui tombe une affaire pour le moins étrange : des statues de Notre-Dame sont décapitées. Puis survient la décapitation d’une jeune femme… Peu d’indices, si ce n’est un tatouage et les informations fournies par ce jeune peintre. Rapidement, une deuxième victime est à déplorer. Même mise à mort, seul le lieu change. Mais cette fois-ci, le meurtrier laisse un indice : une poupée elle aussi décapitée. Après cela, tout s’enchaîne vite, trop vite. Chrétien n’a pas le temps d’empêcher l’enlèvement de son ex-femme Mathilde. Au fur et à mesure de ses apparitions, l’homme se dessine un peu plus et montre une réelle capacité à se transformer. Et le pire, c’est que plus l’enquête avance, plus Chrétien a l’impression de le connaître…

 

J’avais une petite appréhension sur les descriptions des scènes, la crainte qu’elles ne soient trop explicites (un peu à la Chattam). Absolument pas ! Catherine Bessonart mise tout sur le suspense et l’ambiance et non sur les détails sordides. Un bon polar psychologique qui nous attire, nous envoûte et nous donne réellement envie de savoir ce qui tourmente notre héros. Car il est tourmenté, cela se sait dès le début, mais par quoi ? Une enfance marquée par un trou noir, une sensation de manque. Aidé de son psy, il va tenter de mettre en lumière cette zone d’ombre. L’auteure a construit un personnage à la fois amusant et triste. L’enlèvement de Mathilde mais aussi ce sentiment de connaître celui qui réalise ces crimes atroces accentuent cette tristesse. Loin du flic qui fonce et réfléchit après, Chrétien est à part : il prête une grande attention aux associations d’idées, aux lieux choisis par le tueur pour y déposer les corps, il ne s’arme pas automatiquement et garde toujours un œil ouvert. En ce qui me concerne, j’ai un gros faible pour ces anti-héros dont les tréfonds sont passés au crible : le commissaire Erlendur de Arnaldur Indridason, Hercule Poirot d’Agatha Christie ou plus récemment, Màrio França de Miguel Miranda ; des héros différents et attachants. Comme je le disais, Chrétien Bompard n’est pas un flic ordinaire : il est sensible, ce qui ajoute à son charme. Il ne bosse pas seul : Machnel et Grenelle sont de la partie. Tous les trois forment une très bonne équipe, ils sont complémentaires.

 

L’auteure possède aussi une jolie plume, fluide, agréable à lire et surtout, riche. Elle sait varier les termes et enrichir une scène avec les mots justes. Notons aussi que j’ai appris quelque chose : le poplité ! Oui, oui, j’ignorais complètement que cette partie de notre corps avait un nom ! Bref, je n’ai pas été déçue par son style. Elle a écrit un très bon polar psychologique, parfaitement mené si ce n’est la fin que j’ai trouvé… trop rapide. En effet, nous avons trop peu d’indices pour découvrir qui est le meurtrier, mais les quelques pages connaissent une réelle avancée qui me laisse un peu sur ma faim dans le sens où des questions restent en suspens. Je ne vais pas m’étendre sur celles-ci afin d’influencer personne, mais j’aurais préféré une fin plus détaillée. Ceci dit, Catherine Bessonart a parfaitement su mener sa barque, si je puis-dire, en nous éparpillant aux quatre coins de la capitale (façon de parler), en semant des indices de ci-de là, en torturant Chrétien et en nous plongeant au cœur de son esprit, de ses raisonnements, de ses doutes, et en instillant en nous lecteurs, un malaise conjoint à une certaine curiosité malsaine puisque qu’évidemment, nous sommes dans l’attente d’un nouveau meurtre. Un régal de lecture !

 

Pour un premier roman, je dois avouer qu’il est réussi. J’ai hâte de lire la deuxième enquête de Chrétien Bompard, surtout si elle découle de celle-ci et répond ainsi à quelques questions. Petite remarque pour le titre : Et si Notre-Dame la nuit… est très joli ! Cela me fait penser au début d’une histoire (un peu à la "Il était une fois…"), une douceur qui contraste avec le sujet du roman, mais une douceur qui colle parfaitement au caractère du héros. Coup de cœur ? Je dirais oui malgré cette fin qui, je le disais me semble précipitée, tout simplement parce que l’histoire est parfaitement bien narrée et que son héros me donne envie de lire la suite de ses aventures ! Un grand merci aux Éditions de l’Aube pour cette découverte !

 

Note: 18/20

Coup de cœur !

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