Jojo Moyes - Le vent nous portera

Animée par une soif d’aventures et de grands espaces, Alice s’éprend d’un bel Américain et s’empresse d’accepter sa demande en mariage, laissant derrière elle son Angleterre poussiéreuse. Mais le rêve américain est mis à rude épreuve au cours de la Grande Dépression dans la petite ville du Kentucky où elle atterrit, entre un mari qui s’avère décevant et un beau-père au tempérament ombrageux.

Aussi, quand la jeune femme répond à l’appel d’Eleanor Roosevelt pour créer des bibliothèques ambulantes afin de lutter contre l’illettrisme, c’est d’abord pour échapper à son quotidien étouffant. Elle se lie alors d’amitié avec Margery, une femme qui n’a peur de rien ni de personne. Ensemble, elles se jettent à corps perdu dans l’aventure et sillonnent à cheval les montagnes du Kentucky, bravant tous les dangers, pour apporter des livres dans les zones les plus reculées. Mais s’il y a bien une chose dont ces porteuses d’histoires ne manquent pas, c’est de courage.

 

 

Mon avis: 

 

Avec une aussi jolie couverture, est-il possible de résister ?! A cela, s'ajoute le nom de l'auteur et là, on se dit, bingo, je suis partie pour une belle histoire. 

 

"Etant donné la vitesse à laquelle les nouvelles faisaient le tour de Baileyville, ses bribes de ragot s'amorçant comme un filet d'eau, puis déferlant sur ses habitants comme un torrent inarrêtable (...)."

 

L'histoire est belle, cela va de soi. Alice, jeune anglaise à l'éducation raffinée, débarque dans un environnement totalement nouveau pour elle et ses belles robes. Engagée au sein de la bibliothèque itinérante, elle va troquer ses robes contre des pantalons, sa timidité contre son courage, son silence contre ses désirs. Au contact des femmes avec lesquelles elle travaille, Alice va s'épanouir et réaliser que son mariage n'en est pas un. Margery, surtout, va lui apporter beaucoup et vice versa. 

 

Jojo Moyes nous plonge dans une période pas si lointaine (années 1930/1940) et met en lumière la condition de la femme dans une région pour le moins austère. J'ai beaucoup aimé le temps passé à faire évoluer les situations qui, si elles ne sont pas incroyables, rythment la vie de ces héroïnes. 

 

Cependant, j'ai trouvé le début très long. Relativement monotone. J'ai eu peur que la linéarité ne prenne trop le dessus et me lasse, mais Jojo Moyes a su dynamiser son récit, d'abord par petites touches, puis de plus en plus fort. Je regrette seulement que le plus fort n'intervienne que tardivement. 

 

L'écriture est fluide, agréable, belle, mais moins teintée d'émotion que dans Avant toi (une pépite ce roman) ou La dernière lettre de son amant (autre pépite). Même si les paysages décrits le sont à merveille, il manque ce je ne sais quoi dans l'écriture qui me transporte totalement. 

 

Malgré cela, elle utilise sa plume comme il faut pour mettre en scène ces femmes que rien ne destinait à réunir. Sans suivre une trame précise, l'auteur s'attarde à nous décrire la vie de ces femmes totalement prise au piège et prisonnières dans des vies qui ne correspondent pas à leurs attentes et contre lesquelles elles vont livrer bataille. Entre les femmes battues (et on l'accepte), celles qui doivent obéissance à leurs maris (on accepte aussi), celles qui ont des rêves fantasques (non mais n'importe quoi !), celles qui veulent l'égalité entre les deux sexes (de quoi ?), celles qui sont nées noires et qui veulent vivre comme les blanches (pourquoi ?), celles qui veulent l'amour, le vrai (pourquoi ?), Jojo Moyes nous laisse vivre quelques mois aux cotés de ses héroïnes combatives et déterminées. 

 

Note: 15/20

Écrire commentaire

Commentaires: 0