Romain Slocombe - Une sale française

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, une femme est interrogée par un commissaire de police qui s'intéresse de près à son cas. Alsacienne, Aline Beaucaire est employée d'hôtel, elle est tombée amoureuse d'un sergent pilote trop beau pour être honnête et l'a suivi en zone libre, franchissant de nuit la ligne de démarcation.

Le couple rêve de rejoindre Alger, via Marseille - la ville de tous les dangers.

Bientôt, l'aventure tourne au drame. Aline est-elle aussi innocente qu'elle espère le faire croire ? Et quel lourd secret a-t-elle à cacher ? Est-elle cette autre Aline au nom presque semblable, la "Panthère rouge" qui a activement collaboré avec la Gestapo ?

Qui est vraiment cette "sale Française" ?

Au fil de ce roman captivant, Romain Slocombe nous conduit dans le monde en noir et gris que fut la France des années sombres de l'Occupation.

 

 

 

Mon avis: 

 

Deux femmes ou une seule ? Aline Bockert ou Aline Beaucaire ? Pour le savoir, il faut lire ce roman qui se présente sous une forme originale puisqu'il s'agit d'une confession, d'un "mémorandum" destiné à un commissaire, une forme d'écriture qui alterne avec des copies de fiches de police. Chaque Aline a son histoire, si je puis-dire, mais celle confessée est-elle une version édulcorée de la version fournie par la police ? 

 

Aline Beaucaire, mariée à un homme retenu prisonnier, mère d'un enfant, est femme de ménage. L'Alsace appartenant à l'Allemagne, elle se fond dans le décor et décide de partir travailler en Allemagne, laissant son fils aux bons soins de ses parents. Là, elle découvre le monde de la collaboration. Sans y participer, simplement en fouillant quelques bagages. Elle rencontre un homme dont elle tombe amoureuse et décide de le suivre jusqu'en zone libre avec l'espoir de gagner Alger. Vous imaginez bien que nous allons suivre leur périple et leur séjour à Marseille avec, en toile de fond, la collaboration. Car oui, malgré elle, Aline est au cœur d'un système bien rodé. Jusqu'à ce que le système s'effondre, et elle avec. En parallèle, la vie de l'autre Aline nous est transcrite via les fiches de police et nous montre une femme sans cœur qui a exécuté, fait prisonnier des juifs, .... Deux personnalités bien distinctes. 

 

J'ai beaucoup aimé la trame et la façon dont elle est amenée. Car Romain Slocombe se base sur des faits réels pour nous narrer une histoire extrêmement crédible puisque l'on est tenté d'oublié le côté romancé de cette histoire. Le travail de recherche est parfait jusque dans les détails. Tourner les pages et découvrir l'univers des collabo, ce n'est pas quelque chose qu'on lit souvent, à la différence de la résistance. Malgré l'horreur, il n'en demeure pas moins que tout cela a existé et si on peut être choqué de certains propos tenus par Aline, on peut aussi essayer de la comprendre, même si cela est compliqué puisqu'il nous est impossible d'imaginer, ne serait ce qu'un seconde, ce que fut sa vie. 

 

"Mais il me restait encore quelques jours avant de comprendre ce qu'il avait voulu dire par là, monsieur le commissaire. Quelques jours avant la nuit."

 

Chaque lecteur se fera son propre avis, une opinion sur cette femme qui a décidé de suivre son cœur. Je ne vais pas juger, je vais seulement retenir qu'Aline était une femme amoureuse de l'aventure, de l'évasion, d'une simplicité qu'elle ne trouvait pas en Alsace et même en France, une femme qui a écouté son cœur malgré ce qu'elle savait mais qui se disait que cela ne la regardait pas puisqu'elle n'était pas active au sein de la cellule. Elle se focalisait sur son rêve de maisons blanches dans un autre pays qui lui offrirait une plus grande liberté. Au final, Aline a opté pour la politique de l'autruche en feignant ignorer, se voilant la face, dans le seul but de réaliser son rêve.

 

Les noms de famille similaires, des prénoms identiques, conduisent Aline à raconter sa vie pour se dédouaner de celle qu'on lui reproche d'être. Une situation qui met en avant la difficulté de l'enquête liée au contexte historique. Contexte qui a été respecté, il est même fait allusion à Varian Fry dont j'ai découvert l'histoire l'an dernier dans la série netflix Transatlantique

 

Note: 17/20

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Commentaires: 2
  • #1

    Exuline (mercredi, 24 avril 2024 09:52)

    Superbe chronique qui me donne envie de découvrir ce roman que je viens d'avoir la semaine dernière. Je pense que grâce à toi il ne va pas y rester longtemps. Merci.

  • #2

    Les Mots de Gwen (mercredi, 24 avril 2024 11:39)

    J'ai hâte de lire ton avis :-)
    Bonne lecture !