S. Denis-Turgot - Jeanne et Jean

Jeanne et Jean ne sont encore que des enfants vivant dans une société partagée en fonction de coutumes et de lois qui déterminent, limitent ou façonnent, les possibilités et les droits de chaque classe.

Ces deux personnages vont avoir à affronter les droits et les rigueurs de classes privilégiées. Leur façon de dépasser les préjugés et les interdits est la preuve qu’en tous lieux, qu’en tous temps, peu importe la société dans laquelle on vit, l’amour reste le meilleur moyen de passer outre les frontières. Pour le meilleur, et parfois, hélas, pour le pire.

 

Mon avis:

 

Tout d’abord, un grand merci aux Editions Persée qui m’ont permis de découvrir ce surprenant Jeanne et Jean. En effet, dès la première ligne, je fus surprise par ce roman. A la lecture du résumé, je l’imaginais contemporain; pour être plus précise, j'imaginais un roman dont l’action se déroulerait début 1900. A mon avis, la jaquette m’a grandement influencée. Je reviendrai sur celle-ci plus tard ! Je disais donc que je fus surprise dès la première ligne en lisant la date "20 mai 1763" ; on est bien loin des années 1900 ! Tant pis ! La période Louis XV est intéressante dans la mesure où elle suit le règne de Louis XIV sous lequel la France a commencé à s’engluer dans les dettes, les guerres, … qui mèneront à la Révolution Française et la mort de la monarchie avec les décapitations de Louis XVI et Marie-Antoinette.

 

Jeanne et Jean sont donc deux adolescents de 16 ans ; jumeaux, il est aussi brun qu’elle est blonde. Abordés par un groupe de cavaliers, Jean fait offense à un Comte qui dès lors, n’a qu’un but : retrouver ces deux jeunes et les punir. Jeanne les sauve en donnant de faux noms. De cette rencontre, elle ne retiendra que le beau Marquis de La Brède qui accompagnait le Comte et qui, lui aussi, ne l’oubliera pas. Obstiné, le Comte de Charolais va dépêcher ses hommes afin de les retrouver. Jeanne et Jean vont donc être capturés ; si Jean parvient à s’enfuir, Jeanne reste prisonnière. Elle ne devra son salut qu’à son père et ses frères alertés par Jean. Et pour ne pas être retrouvés, toute la famille devra fuir ce Comte qui semble ne reculer devant rien quand il veut quelque chose.

 

Ma surprise initiale s’est muée en plaisir : j’ai été d’emblée séduite par ces deux jumeaux qui n’ont pas froid aux yeux et qui, tout en restant à leur place, ne se laissent pas marcher sur les pieds. Ils ont du caractère et au fil des pages, on se rend compte que c’est grâce à l’éducation que leur a donné leur père. Nous faisons aussi connaissance avec le reste de la famille, notamment Charles, le frère aîné, qui rêve d’évasion, de voyage, d’un ailleurs. Ce qui semble normal pour un paysan qui, même s’il aime sa vie, rêve de mieux.

 

S. Denis Turgot nous offre une petite parenthèse de douceur en nous relatant la vie de la famille Lenoir. Je dis douceur puisque pour des paysans, ils nous donnent l’impression que la vie est belle, agréable. Bien sûr, à cette époque, leur vie leur convenait, mais la façon dont l’auteur nous décrit celle des Lenoir - peu de contrainte, mais surtout la possibilité de tout laisser pour partir, du jour au lendemain, vers un autre monde - donne réellement une impression de légèreté loin de ce que j’ai pu lire jusqu’ici. De toute façon, l’auteur n’a pas voulu écrire un roman purement historique, mais un roman d’amour, un amour fraternel d’abord et un amour d’homme à femme ensuite. De ce fait, le côté historique de l’époque, bien qu’abordé (c’est inévitable) ne prend pas le pas sur le thème de base.

 

En effet, l’auteur nous livre quelques informations qui sont écrites pour compléter l’histoire et non pour la surchargée : "C’est ainsi qu’ils firent la connaissance de celui qui allait devenir le célèbre chef des insurgés de l’île de Haïti, qui vingt-cinq ans plus tard battit les troupes espagnoles, puis françaises et fut connu sous le nom de Toussaint Louverture" ou encore "Il revint un jour en disant qu’il avait fait la connaissance du petit comte Alexandre de la Pailleterie qui allait avoir trois ans, qui paraissait en avoir plus de cinq, qui cassait tout avec ses mains tant il était fort, qui était noir et fils d’un marquis français qui l’aimait beaucoup, plus ou moins marié à une esclave noire du nom de Dumas, d’où la célèbre lignée des Alexandre Dumas - le siècle suivant."

 

Ce qui m’amène à parler du style de l’auteur : il donne l’impression que les mots coulent d’eux-mêmes tant l’écriture est fluide. Bien que ma version soit une épreuve non corrigée, on sent que l’auteur possède une plume à la fois souple, légère et harmonieuse. Sans oublier la petite pointe d’humour qu’il se permet et qui rend ce roman encore plus attractif, séduisant ainsi les lecteurs qui, même sans être des passionnés des romans historiques, seront séduits par l’histoire de Jeanne et Jean. Une question demeure : une suite est-elle prévue ? On peut aisément le supposer quand on lit la dernière phrase : "Mais cela est bien sûr une toute autre histoire…"

 

Pour finir, je dirais que la jaquette fut l’élément qui m’a donné envie de lire ce roman. Viennent ensuite le titre puis le résumé ! La jaquette est tout simplement superbe. Simple - deux visages de profils encerclés dans des médaillons (des camées ?!) - elle donne un petit côté chic au roman !

 

Note: 15/20

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Commentaires: 2
  • #1

    Buckette (dimanche, 10 avril 2016 17:01)

    (commentaire du 28 mars 2014, 17h31)
    Ça à l'air original ! Merci de ta critique, je l'ajoute à ma WL !

  • #2

    Les Mots de Gwen (dimanche, 10 avril 2016 17:02)

    (commentaire du 31 mars 2014, 18h05)
    C'est très sympa! J'espère qu'il te plaira!