Theresa Révay - Dernier été à Mayfair

À Londres, on les surnomme les "Admirables". Ils possèdent l'argent, le pouvoir et le prestige. Mais le vertige de la Belle Époque n'est qu'une illusion. Des salles de bal de la haute société édouardienne aux champs de bataille de la Somme, le portrait captivant de deux grandes familles qui, en une décennie, voient basculer le monde et le temps de l'insouciance.

Mayfair, été 1911. Les Rotherfield reçoivent pour le bal de leur fille Victoria, mais la fête est compromise par la disparition de sa sœur Evangeline. Son absence révèle de sourdes tensions familiales. Leur frère aîné, Julian, la retrouve dans une prison de Bermondsey, un quartier ouvrier où couve la révolte. Héritier de la dynastie, il déplore l'attitude de cette insoumise de vingt ans, aussi égoïste que leur frère cadet Edward, un dilettante criblé de dettes de jeu. Pour les honorer, ce dernier doit remporter une course d'aviation en battant son rival, le Français Pierre du Forestel, un jeune homme aussi séducteur et fantasque que lui.

Tous ces Admirables croient en un avenir radieux. Pourtant, un déclin inexorable menace l'aristocratie anglaise et la vieille noblesse française, qui subissent de plein fouet les mutations d'une société moderne. Guidés par les mêmes principes d'honneur et de sacrifice, les uns et les autres devront affronter le cataclysme d'une guerre qui sera aussi leur chant du cygne. Et ce sera aux femmes, parmi les ruines de leurs illusions, de réinventer un monde nouveau.

 

Mon avis:

 

Gros gros coup de cœur pour ce roman ! J’ai adoré aussi bien l’écriture que l’histoire et le contexte.

 

Résumer ce roman est impossible ! Pour faire court, je dirais que nous rencontrons les Rotherfield à l’aube de l’été 1911 ; tout n’y est que joie, bonheur, richesse. En apparence seulement, car des conflits internes dominent cette petite famille qui vit selon les règles imposées par l’étiquette : un mariage de raison, des quartiers à ne pas fréquenter ou encore, des personnes à éviter. Que cela soit l’héritier Julian, son frère Edward ou encore leurs sœurs Evangeline et Victoria, nous allons les suivre pendant sept ans, au gré des évènements qui jalonnent ce début du siècle. Entre mort et doute, entre refonte des principes et renouveau des droits, nos protagonistes et leurs proches vont tenter de survivre et d’être heureux.

 

Un roman historique tel que je les aime : l’Histoire - avec un grand H - abordée de façon concrète qui se mêle aux destins de héros qui auraient pu exister.

 

Le contexte historique d’abord :

  • Nous lisons avec plaisir les débuts de l’aviation et les enjeux que ce nouveau phénomène engendre. Trois de nos héros sont des férus de l’aviation : May (première femme à traverser la Manche), Edward, le cadet de la famille et le français, Pierre du Forestel. Tous trois vont s’affronter lors de compétitions dont l’enjeu est une belle somme d’argent. Si l’aviation attire de prime abord les fortunés, les aventuriers et les excentriques, elle sera bien utile lorsqu’éclatera la Première Guerre Mondiale.
  • Lien direct avec mon deuxième point historique. L’Angleterre plonge dans cette guerre aux côtés des français. Nos pilotes vont partir sur le terrain (dans la Somme) et participer à cette boucherie. On sent que l’auteure maîtrise le sujet en nous donnant des détails sur les attaques, les conditions. Mais aussi sur les pensées qui animent ses personnages.
  • Une guerre qui va permettre de remettre en cause certaines lois contre lesquelles se sont battues quelques années plus tôt les Suffragettes : un mouvement de femmes luttant afin d’obtenir les mêmes droits de vote que les hommes. Evangeline a fait partie du mouvement, a été arrêtée pour vandalisme et fut relâchée grâce à son frère Julian, non sans nous avoir fait part de ce qu’elle a vécu en prison.
  • Sans oublier cette adoration de la démesure que le monde a découvert au début des années 1900. Tout doit être grand, beau, luxueux ; que ce soit les demeures ou les véhicules. Le Titanic en est l’un des symboles. Au cours de ce naufrage, l’un des personnages perdra la vie. C’est comme si rien ne pouvait arriver qui mènerait à la destruction. L’invincibilité de ceux que l’on appelait Les Admirables.

 

Tous ces bouleversements ne vont qu’ébranler en partie l’aristocratie anglaise. Car si l’on s’attendait à ce qu’elle s’écroule, il n’en est rien à la fin de roman. Certes, certains sont morts, mais il y en a toujours pour prendre la relève. Et puis, comme il est noté dans le roman, l’Angleterre est un royaume riche de belles demeures disséminées un peu partout sur le territoire ; la noblesse anglaise n’est pas prête de s’éteindre !

 

Le contexte historique est donc omniprésent, un contexte qui - selon moi - prend de la valeur dès lors que l’on suit tous ces personnages. On s’attache à eux et je dois avouer que j’ai été peinée de lire qu’untel et untel étaient morts. Bien sûr, je songeais que ce serait trop beau et absolument pas réaliste que tous sortent indemnes du conflit, mais les morts n’ont pas été ceux auxquels j’avais pensé. L’auteure nous décrit si précisément les démons intérieurs de chacun que l’on ne peut s’empêcher de vouloir combattre avec eux. Un souci du détail qui séduit le lecteur puisqu’il nous donne le sentiment d’être proche d’eux, de les connaître intimement. On comprend Evangeline qui veut fuir ce carcan trop rigide, mais on comprend aussi Julian qui ne désire que la longévité de sa famille et de ses valeurs, quitte à souffrir lui-même. Chaque personnage incarne un univers : les Rotherfield, la vieille et grande noblesse anglaise ; Pierre du Forestel, la noblesse plutôt faible de la France ; May, une jeune femme qui revendique son indépendance ; Manderley, un nouveau riche issu de la classe ouvrière. Et malgré ces différences, ils vont tous se retrouver, animés des mêmes sentiments.

 

Comme je le disais précédemment, l’auteure maîtrise ses sujets. Et loin de nous offrir un roman historique lisse et répétitif, elle nous introduit juste ce qu’il faut afin de ne pas alourdir son récit et évite ainsi le cours d’histoire. Grâce à tous ses détails, nous sommes emportés dans un tourbillon romanesque qui va absorber toute une époque et ses codes.

 

Un roman romantique, historique, excellent ! Et comme le thème de ce mois-ci pour le challenge mystère est le roman historique, Dernier été à Mayfair est parfait !

 

Note: 19/20

  Coup de cœur !

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Commentaires: 8
  • #1

    Froggy80 (dimanche, 10 avril 2016 13:57)

    (commentaire du 16 juillet 2013, 23h39)
    Superbe chronique Gwen !!! honnêtement, la couverture ne m'attire pas trop, mais ton avis à l'effet contraire... Alors je me laisserai peut-être tenter un jour !

  • #2

    Les Mots de Gwen (dimanche, 10 avril 2016 16:14)

    (commentaire du 17 juillet 2013, 17h43)
    Comme quoi, il ne faut pas toujours se fier à la couverture! Si tu te laisses tenter: bonne lecture!

  • #3

    theresa révay (dimanche, 10 avril 2016 16:15)

    (commentaire du 24 juillet 2013, 18h26)
    Merci infiniment, chère Gwen, pour cette chronique si enthousiaste ! Je suis très heureuse que mon roman vous ait plu. C'est toujours tellement encourageant de savoir qu'on a pu toucher un lecteur, le transporter, et lui plaire... Mes romans me prennent à chaque fois deux ans de travail, un an de documentation et un an d'écriture, donc vous mesurez combien vos mots m'enchantent. Merci de tout coeur. Je vous souhaite un très bel été avec de belles lectures ;-)

  • #4

    Les Mots de Gwen (dimanche, 10 avril 2016 16:15)

    (commentaire du 24 juillet 2013, 19h21)
    Merci à vous Theresa pour votre passage sur mon blog ! Ca me fait très plaisir !! Honnêtement, on sent qu'il y a énormément de travail pour vos romans. Enfin, je n'ai lu que celui-ci ainsi que "La louve Blanche" et "Tous les rêves du monde" (il y a un bon moment et depuis quelque temps, ils me narguent pour que je les relise ). Toujours est-il que c'est l'une de vos qualités, tout comme votre plume qui est des plus agréables. J'imagine que vous travaillez à l'écriture d'un prochain roman, aussi je vous souhaite également un bel été d'écriture et de lectures !

  • #5

    theresa révay (dimanche, 10 avril 2016 16:16)

    (commentaire du 25 juillet 2013, 08h36)
    Mais vous êtes une lectrice très fidèle pour en avoir lu trois ! Merci, chère Gwen... J'avais tellement aimé écrire l'histoire de Max et Xénia. Vos encouragements me touchent, car je doute toujours beaucoup de moi. Je viens de terminer mon prochain livre, intitulé "L'autre rive du Bosphore" et qui se déroule à Istanbul, après la Première guerre mondiale. D'actualité, n'est-ce pas ;-) ? Il paraîtra le 17 octobre, chez Belfond. Si cela vous amuse, vous pouvez être tenue au courant sur ma page Facebook officielle : https://fr-fr.facebook.com/Theresa.Revay.Officielle. Les deux derniers livres que j'ai lus cet été, et beaucoup aimés, sont "Pour trois couronnes" de François Garde et "La femme de l'Allemand" de Marie Sizun. Bien amicalement, Theresa.

  • #6

    Les Mots de Gwen (dimanche, 10 avril 2016 16:17)

    (commentaire du 25 juillet 2013, 14h32)
    Disons qu'il y a des auteurs pour lesquels je ne lis pas le résumé avant d'acheter :) Quand j'ai vu "Dernier été à Mayfair" chez mon bouquiniste, je l'ai pris sans réfléchir! Vous avez aimé écrire l'histoire de Max et Xénia, moi j'ai adoré la lire! C'est un tout: le contexte historique, les lieux, l'histoire entre eux deux, votre style, ... "L'autre rive du Bosphore", rien qu'avec le titre et les 2 infos, me semble prometteur! C'est fait pour votre page FB! Et, "La femme de l'Allemand" me plaît beaucoup d'après ce que je viens d'en lire sur le net. A l'occasion, si je le trouve...! A bientôt, Gwen.

  • #7

    Nemithh (dimanche, 10 avril 2016 16:17)

    (commentaire du 06 septembre 2013, 08h51)
    Je découvre ce livre sur ton blog et je le note (tant le blog que le livre) j'ai beaucoup aimé ta chronique !

  • #8

    Les Mots de Gwen (dimanche, 10 avril 2016 16:18)

    (commentaire du 06 septembre 2013, 09h25)
    Merci à toi :-) Avec ce roman, tu passeras un bon moment! A bientôt!