Adeline Baldacchino - Celui qui disait non

Quand August et Irma comprennent que la politique rattrape toujours ceux qui s’en défendent, il est déjà trop tard pour survivre, mais encore temps de mourir libres.

Le 13 juin 1936, un homme perdu dans la foule, sur le quai d’un chantier naval de Hambourg, refuse de saluer Hitler. Le 28 avril 1942, une femme fait partie du premier convoi des gazées de Ravensbrück. Ou comment une histoire d’amour devient une histoire d’insoumission.

Ce roman est leur tombeau, dédié aux vivants qui voudraient se souvenir de l’avenir.

 

Mon avis: 

 

C'est aux Editions Fayard - que je remercie - que je dois ce beau moment de lecture. L'histoire est simple, parfaitement expliquée: nous allons découvrir l'histoire d'un couple qui a décidé de s'aimer malgré les lois qui leur imposaient le contraire.

 

La structure du roman peut surprendre car on se demande à qui l'auteure destine son histoire: à son père récemment disparu ou à ses lecteurs ? Un peu des deux je crois, un sentiment renforcé au fil des pages. Comme je le dis, la structure sort de ce que l'on peut lire le plus souvent car elle s'articule autour de deux époques. Tout d'abord, 2017 et la quête de l'auteure qui démarre à partir d'une photo et se poursuit sur les lieux foulés par August et Irma; puis l'histoire du couple August/Irma, au côté duquel nous allons vivre pendant une période sombre de l'Histoire. Leur histoire se mêle parfaitement à l'Histoire et nous fait prendre conscience - mais était-ce nécessaire ? - que la cruauté avait alors atteint son apogée. 

 

Basé sur des faits et personnages réels, ce texte est un savoureux mélange entre le roman et le documentaire. August n'a rien du résistant qui s'engage dans un groupe et prend les armes pour tuer un allemand ou autre, non, son acte de résistance consiste à ne pas lever le bras. Cela peut sembler banal, mais dès lors qu'August a réalisé qu'en tant qu'aryen il ne pouvait pas aimer une juive, il n'a pas voulu lever le bras. 

 

"L'homme qui n'avait pas su se cacher quand il le fallait avait tué la femme qu'il aimait à force de l'aimer."

 

Le fait qu'August ait été un homme ordinaire dont le seul acte de résistance fut d'aimer, donne à ce roman un côté intimiste. Sentiment amplifié avec la plume de l'auteure. En effet, elle nous plonge littéralement dans la tête de ses personnages/personnes, imaginant ce qu'ils ont pu penser au moment de rentrer dans la chambre à gaz, au moment de la libération, on moment des grandes décisions. Elle ne peut que supposer, mais je trouve qu'elle le fait bien et de façon très intime, comme si elle racontait sa propre histoire. 

 

Est-il besoin de préciser que l'histoire d'August et Irma prend aux tripes ? Touchante, elle ne peut pas laisser de marbre quand on lit ce par quoi ils sont passer. Les doutes, la peur, l'incertitude, l'injustice. Selon moi, l'auteure a mis les mots justes sur des sentiments vécus par d'autres, des mots à la fois simples et teintés d'une tristesse évidente mêlée aux regrets parfois mélancoliques, des mots qui ne suffisent toutefois pas à exprimer la souffrance des deux êtres qui se sont aimés en dépit de l'interdit. Malgré l'horreur du destin du couple, on peut noter qu'il est beau de voir émerger cette histoire aujourd'hui, comme quoi, une photo ne tombe pas forcément dans l'oubli, elle peut surgir à tout moment et ravir les descendants, répondre à des questions, lever le voile sur des idées. 

 

Encore merci aux Editions Fayard. 

 

Note: 17/20

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Commentaires: 2
  • #1

    FLaure (vendredi, 04 mai 2018 08:12)

    Un livre qui semble t'avoir enthousiasmé et tu as su nous le transmettre à travers ta chronique. Merci pour ce partage.
    Bonne journée, FLaure

  • #2

    Les Mots de Gwen (mercredi, 04 juillet 2018 13:12)

    Merci à toi pour ton passage par ici et pour ton message!
    Bonne lecture si tu te lances :-)