Marie Vareille - La vie rêvée des chaussettes orphelines

Sur le papier, Alice va très bien : célibataire parfaitement assumée, elle a une carrière en or dans la finance à New-York, un loft avec vue sur Central Park et un secret si profondément enfoui qu’elle peut presque prétendre l’avoir oublié. Certes, elle ne dort plus sans somnifères, elle collectionne les crises d’angoisse, les TOC et les névroses, mais on ne va pas en faire tout un plat. Tout le monde a ses petits secrets, non ? Mais le problème avec les petits secrets, c’est qu’ils peuvent générer de grosses complications... et si Alice est devenue experte à fuir le passé, elle est beaucoup moins douée quand il s’agit d’affronter la réalité.

 

Mon avis:

 

Un titre qui laisse songeur sur la teneur du roman, une couverture qui suppose un roman à lire sous la couette, en pleine période hivernale, chocolat chaud en main et pourtant, je vous le promets, ce roman, il faut le lire et qu'importe la saison !

 

Si je devais choisir un mot pour le qualifier, ce serait surprenant. Surprenant par la façon dont on entre dans l'histoire, surprenant par l'empathie dont on fait preuve face au personnage d'Alice, surprenant par le twist final qui... waouh... Je ne l'ai pas vu venir !! Surprenant par l'émotion qu'il dégage, Marie Vareille signe un là ce qui fut pour un moi, un gros coup de cœur. 

 

Nous découvrons Alice, une jeune femme à la double nationalité (américaine et française) lorsqu'elle s'installe à Paris. Rapidement, on comprend différentes choses à son sujet: elle souffre de crises d'angoisse, d'insomnie, de maniaquerie et de problèmes d'argent. On comprend aussi qu'elle a souffert par le passé, qu'elle a une sœur (elles ont onze mois d'écart). Si l'histoire débute en 2018, les chapitres s'alternent avec les pages du journal d'Alice des années 2011/2012. Dans ce journal, Alice se confie sur son angoisse de ne pas parvenir à tomber enceinte, mais elle retrace aussi des évènements de son enfance avec sa sœur Scarlett, ce qui permet de comprendre les personnages. Alice s'installe à Paris et décroche un job dans une start up qui désire lancer une application permettant de réunir les chaussettes orphelines. Au fil des semaines, nous allons en découvrir un peu plus sur Alice, la voir baisser les barrières qu'elle avait érigé autour d'elle pour se protéger, la voir se lier d'amitié, ... 

 

En toute franchise, je craignais que cette histoire de start up ne prenne trop de place dans le roman, mais absolument pas, c'est tout juste si le business est survolé. Cette entreprise a sa nécessité et on en parle, mais à juste dose, pour mettre en avant certains traits de caractère des personnages. 

 

Le roman s'articule autour du personnage d'Alice et de son secret. Car il y a bien un secret, quelque chose qu'Alice tente de cacher et de surmonter, mais qui la dévore souvent, d'où les crises d'angoisse. 

 

"J'ai parfois le sentiment d'être l'unique détentrice de cette terrible vérité: notre temps nous est compté. Je voudrais prévenir ceux qui dilapident en activités futiles le bien le plus précieux que l'univers nous ait donné, le temps: je ne sais pas si tu es au courant, mais un jour, on meurt."

 

Comme je le disais, ce roman, c'est une véritable claque tant il est chargé émotionnellement. L'autrice possède une plume qui mène à une empathie incroyable, à cela s'ajoute la construction du personnage d'Alice qui est rongé par la tristesse. Alternant les chapitres "contemporains" et les pages du journal d'Alice, nous découvrons que l'amour qui unissait les deux sœurs était puissant. C'était elles deux contre le reste du monde. 

 

Mais beaucoup de personnages, même secondaires, sont explorés car ils influent sur Alice. Doucement, Marie Vareille nous les présente et honnêtement, on s'attache à tous, même celui qui, à première vue, pourrait paraître insignifiant. Loin d'être un roman chick-lit ou même feel good (bon, un peu plus feel good quand même), que serait un roman ayant pour héroïne une femme blessée sans qu'il y ait un homme dans le coin ?! Cet homme, c'est Jérémy. Il prend la juste place à dire vrai. Certains diront qu'il aurait été mieux de le voir davantage, j'ai pensé cela, puis en y réfléchissant, je me suis dit que non, ce roman n'est pas une histoire d'amour homme/femme, mais une histoire d'amour entre deux sœurs. Et rien que pour cela, je suis heureuse que l'autrice n'ait pas abusé de la présence de Jérémy. 

 

"Et maintenant, je me demande si une femme sur quatre ressent la même chose que moi: un fragment de mon cœur, celui où j'avais gravé ton nom que personne ne connaître jamais, gelé par ton départ et cette certitude immuable que désormais, une petite part de moi, sans son soleil, aura toujours un peu froid."

 

Avec une plume juste et sensible, Marie Vareille nous fait rire et pleurer, nous surprend admirablement et explore ce qui jalonne nos vies: le deuil (perte d'une mère qui préfère une de ses deux filles, perte d'un enfant, d'une amie), l'amour (pour une activité ou une personne), la douleur, la peine, la fragilité de l'être quand la résilience est absente, l'envie aussi. Bref, ce roman, c'est une perle à découvrir absolument. Ne serait-ce que pour écarquiller les yeux de surprise grâce à magnifique final ;-)

 

Note: 20/20

Coup de cœur ! 

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Commentaires: 2
  • #1

    Les lectures de Marinette (lundi, 09 octobre 2023 21:17)

    Je n'ai pas encore eu l'occasion de lire l'autrice, mais son livre "Désenchantées" est dans ma PAL. "Le syndrôme du spaghetti" me tente beaucoup et ton retour coup de cœur sur ce titre-ci me rend aussi curieuse, forcément. Bref, plein de futures lectures à faire ! :)

  • #2

    Les Mots de Gwen (jeudi, 12 octobre 2023 18:27)

    Je crois que tous ses romans sont tentants ;-)
    J'espère que tu passeras un aussi bon moment que moi si tu te laisses tenter par celui-ci!