Nous sommes dans la Russie rurale admirablement décrite par une jeune femme. On sent immédiatement que cette campagne immense n’est pas encore guérie de son passé, même si elle est déjà prisonnière de son futur.

En dressant le portrait de ceux qui l’entourent, elle dessine celui de son pays – société de consommation vorace, vies brisées par la répression soviétique, femmes assujetties et trop souvent résignées – un monde sans avenir.

Et pour l’auteure, échapper à ce quotidien est une question de vie ou de mort. Mais rassurons-nous : nous sommes face à une battante !

 

Mon avis:

 

Bye bye Vichniovka! c’est un peu le journal d’une adolescente qui de sa plume tantôt amusante, tantôt acerbe, observe et critique les gens qui l’entourent. Mais aussi sa propre vie qu’elle juge insipide et dénuée de sens. Elle n’a pour seul désir que de vivre sa vie comme elle l’entend et non comme elle le devrait. Pourquoi ? Tout simplement parce que "Tout le monde a des droits. Le droit de croire, d’être heureux, de réussir. Le droit d’aimer finalement."

 

J’ai attendu ce roman qui m’a intriguée positivement dès la lecture du résumé. La phrase : "On sent immédiatement que cette campagne immense n’est pas encore guérie de son passé, même si elle est déjà prisonnière de son futur." a de quoi attiser la curiosité ! Alors évidemment, je l’ai lu avec plaisir.

 

Au travers de courts chapitres, l’héroïne prend la parole ; pour dénoncer sa vie, ses espoirs tués dans l’œuf, ses interrogations, mais aussi pour nous faire part de ce que vivent ses voisins : Tatiana qui cherche l’amour, Ira qui l’a trouvé mais qui le perd, les Prilodko qui vivent au travers de feuilletons télévisés et pour lesquels elle ressent une certaine pitié puisqu’ils ont fait passer le travail avant tout en oubliant de vivre, … Des personnages haut en couleur qui tout à chacun, reflètent ce que sont les habitants de la Russie d’aujourd’hui.

 

En nous racontant les privations, les souffrances et les humiliations d’un petit nombre de ses concitoyens, notre héroïne nous dépeint un monde qui n’est pas rose. Comme elle le dit "Avec notre maudite mentalité de vaincus, la victoire semble être toujours l’exception à la règle. Et cette éducation des vaincus - une éducation qui vise la deuxième place. NON ! Ce n’est pas pour moi." Et pour ne pas vivre cette vie de misère, cette vie de routine, cette vie sans éclat, elle décide de prendre sa vie en main en prenant un aller simple pour son avenir. Il n’y a rien de plus simple !

 

Bye bye Vichniovka! c’est donc l’histoire d’une mini-révolte ! Et c’est ce qui m’a le plus intéressé dans ce roman. L’héroïne ne veut pas s’abaisser à vivre la vie de ses parents, elle a pris conscience que le monde lui était ouvert et qu’il était riche de rencontres. L’auteure nous dépeint une Russie contemporaine, très actuelle, mais en même temps très archaïque sur certains principes. Comme si le temps, ou plutôt l’évolution, ne les avait pas atteint. Et attention, je parle là de la vieille génération qui désire voir la jeune suivre sa route ! Elle critique, c’est vrai, mais elle est davantage dans le constat que dans le dénigrement. Elle nous expose juste ce que serait sa vie si elle ne la prenait pas en mains. Dans le seul but de nous faire comprendre pourquoi elle prend ces décisions.

 

La plume est très agréable à lire, franche et directe, elle est teintée d’un certain cynisme qui conduit à l’amusement. J’ai beaucoup aimé le passage sur McDonald’s !

 

Finalement, si je devais faire un reproche, ce serait que ce roman est un brin trop court et que je reste un peu sur ma faim. Oui, on sait qu’elle va partir, il aurait été sympathique de lire un bout de son départ et ainsi avoir le ressenti de ce qu’elle vit en regardant en arrière.

 

Ceci dit, c’était un très bon roman pour lequel je remercie les Éditions de l’Aube.

 

Note: 16/20