Abigail Seran - Une maison jaune

Un jour, Charlotte découvre dans la maison de maître où elle a récemment emménagé avec sa mère des petits papiers écrits bien des années auparavant. Curieuse, elle décide de remonter la trace de ces mots. Il s’avère qu’entre ces murs, deux autres adolescentes ont vécu avant elle : Léonie, issue d’une famille de notables de l’entre-deux-guerres et Pia, émigrée italienne dans les années cinquante.

Chacune d’entre elles fera un bout de chemin dans cette maison qui aurait dû être jaune avec des destins bien différents. Pia, Charlotte et Léonie, trois univers entrelacés à ce moment de la vie si particulier qu’est le passage à l’âge adulte.

D’une écriture pleine de justesse et de retenue, l’auteure nous fait traverser le vingtième siècle, au gré des doutes, des espoirs et des certitudes de ses héroïnes. Une histoire au suspense savamment tissé qui pourrait bien dévoiler que cette demeure n’est pas le seul point commun de ces jeunes filles.

Mon avis: 

 

J'ai enfin pris le temps de lire ce roman qui attend depuis des mois dans ma PàL. Mais vous savez ce que c'est, le temps passe vite et je dois avouer que ces dernières semaines, entre le cambriolage dont nous avons été victimes, la grossesse et le projet construction de la maison, j'ai mis un peu la lecture de côté, l'envie n'étant plus toujours là tant les évènements cités ont pris le pas sur le plaisir de lire. Bref, tout ça pour dire que j'ai décidé de sortir ce livre de ma PàL car je recherchais une lecture à la fois légère et sans tension et comme en plus il s’intégrait parfaitement dans le cadre du challenge mystère, j'ai saisi l'occasion à bras ouverts ! 

 

Quand on ouvre Une maison jaune, nous faisons connaissance avec trois femmes et trois générations: le début des années 1920, la fin des années 1950 et le début des années 1990. Si l'on comprend rapidement que le seul et unique point commun entre elles trois est la maison dans laquelle elles résident à tour de rôle, il est sous-entendu un lien caché, une histoire que nous allons découvrir au fil des pages et ce, grâce à Charlotte - qui vit dans les années 1990 - qui va mener sa petite enquête lorsqu'elle apprend que sa maison va être détruite. 

 

J'ai beaucoup aimé naviguer entre ces trois époques car chacune possède son charme et ses révoltes. Nous avons l'insouciance de Léonie qui, au cœur des années 1920 et de son adolescence, va épouser un homme et tomber rapidement enceinte de lui. Léonie, c'est un peu la fragilité de l'enfance, la découverte du monde adulte de façon brutale, les us et coutumes d'une époque. Pia, jeune italienne, vit avec ses parents et leur logeuse dans la maison. Pia, Léonie (et même Charlotte) ont le même âge, malgré tout, on se rend bien compte du temps qui passe et de l'évolution de la société. Mais pas des mœurs, et ça, Pia va le découvrir doucement. Pia est une jeune fille innocente, fragile, qui espère une vie meilleure que ce à quoi elle semble promise. Nous découvrons aussi une époque qui permet à la femme de travailler, de s'émanciper. Enfin, Charlotte, qui nous est plus proche car elle a 16 ans en 1994, qui découvre des petits papiers, une dame âgée mystérieuse et une belle envie d'occuper son temps libre en cherchant l'auteur de ces mots mais aussi des autres "indices" trouvés dans la maison. Sa détermination est le fil conducteur de ce roman, sans cette obstination à retracer le passé, nous n'en saurions peut-être rien. 

 

Avec des mots justes, adaptés à chaque époque, Abigail Seran nous livre trois histoires intimes, trois destins de femmes avec leurs forces et leurs faiblesses. De courts paragraphes pour chacune d'elle, un peu comme des instants volés, un saut d'une époque à l'autre qui ne perturbe en rien le lecteur car je trouve que toutes ces petites parties se complètent. Peut-être parce que ce que nous avons en regard une seule et même date: si nous lisons le déroulé du 19 août pour l'une, il en sera de même pour les deux autres. Cette juxtaposition rend ces trois héroïnes à la fois proches et lointaines car les années les séparent. 

 

Au début, je dois avouer que j'avais une préférence pour Charlotte, mais au fur et à mesure de ma lecture, au fur et à mesure que j'ai découvert les secrets de chacune, je me suis attachée à Pia et Léonie, de la même façon qu'à Charlotte. J'ai trouvé admirables certaines décisions et regrettables d'autres. Malgré tout, chaque instant passé en compagnie de l'une d'elle fut un plaisir. 

 

Avec une fluidité parfaite, l'auteure nous entraîne dans le sillage de ses héroïnes et c'est avec une belle addiction qu'on lit ce roman car on veut savoir ce qui unit ces trois femmes. J'admets qu'une révélation finale m'est apparue plus tôt dans le roman, je ne sais pas si c'était une volonté de l'auteure ou pas, mais certains indices m'ont conduit progressivement à la bonne réponse. 

 

Ce roman met en avant un fait: les maisons que nous habitons (sauf les neuves) ont toutes une histoire que, pour la plupart, nous ne connaissons pas. C'est ce qui fait le charme d'une maison ancienne, imaginer la vie d'avant, les habitants qui ont dormi dans cette chambre, ... Les confidences de nos protagonistes nous livrent leurs histoires ainsi que celle de la maison qu'elles habitent, des mots simples mais teintés d'émotions quand on sait qu'ils ont été prononcés des années auparavant. En choisissant de nous raconter l'histoire de Pia, de Léonie et de Charlotte, Abigail Seran a mis l'accent sur le passage de l'enfance à l'age adulte, et encore... je dirais de cet âge sensible qu'est la fin de l'innocence et la découverte de leurs corps de femme. 

 

Un grand merci aux Editions Plaisir de Lire pour ce roman qui est un baume au cœur. Il ne sera pas un coup de cœur car je reste avec quelques questions sur le devenir de certains personnages, malgré tout, j'ai beaucoup aimé la plume chargée de sensibilité d'Abigail Seran. 

 

Note: 18/20

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Commentaires: 4
  • #1

    Abigail (lundi, 06 février 2017 14:54)

    Ma maison d'édition m'a signalé votre critique. Merci chère Gwen pour cette lecture attentive. Heureuse qu'Une maison jaune ait été un baume (quel beau rôle !).
    Bien à vous,
    Abigail
    PS. et oui, les éléments déposés ça et là avait pour but aux plus perspicaces des auteurs de trouver avant la chute... Vous avez du flair!

  • #2

    Les Mots de Gwen (mardi, 07 février 2017 13:19)

    Merci beaucoup pour votre passage ici et pour avoir pris le temps de lire mon avis :-) C'est toujours un plaisir de lire que les auteurs prennent le temps de lire dans le détail ce que pensent les lecteurs de leurs romans, cela apporte une réelle proximité.
    A bientôt!

  • #3

    Froggy80 (dimanche, 14 mai 2017 00:32)

    Chronique validée !!! Bonne continuation :)

  • #4

    Les Mots de Gwen (dimanche, 14 mai 2017 14:02)

    Merci :-)