Louise Tremblay d'Essiambre - Mémoires d'un quartier, tome 1: Laura & Antoine

Un quartier populaire de Montréal. Dans la rue, les gosses chahutent. Un vieux chêne, une façade de brique rouge : derrière la fenêtre, Évangéline Lacaille, la matriarche, contemple le voisinage qu'elle connaît si bien. À la cuisine, sa belle-fille Bernadette vaque aux occupations ménagères – les enfants sont sortis. Adrien, le fils chéri, est de retour au volant d'une décapotable bleue. Le véhicule de leur destin à tous... Bienvenue chez les Lacaille, une famille comme tant d'autres en ces années 1950, pleine de silences et d'espoirs, de secrets et d'histoires.

 

Mon avis:

 

Je me confesse : je connaissais déjà ces deux premiers tomes que j’ai découvert il y a trois ans (plus ou moins) lorsque je travaillais en librairie. Faisant partie du comité de lecture, j’ai été amenée à lire les trois premiers tomes (sur une série qui en compte à présent douze !) ; je n’ai jamais lu la suite tout simplement parce que j’ai quitté mon travail et que l’occasion ne s’est pas réellement présentée pour que je les achète ! Toujours est-il que lorsque le thème du mois de mai est tombé pour le challenge mystère 2013, j’ai cherché des auteurs québécois et ai réalisé que Louise Tremblay d’Essiambre en était ! Cela dit, curieuse, j’ai quand même acheté le roman d’Anne Hébert, Kamouraska. Et comme je devais commander la dizaines de livres que j’avais relevée, je me suis dit que l’occasion était trop belle, j’ai donc commandé ce premier tome en poche (qui regroupe les deux premiers) afin de reprendre l’histoire de la famille Lacaille dès le début.

 

Qu’elle est donc cette histoire ? Comme l’indique le sous-titre, une chronique familiale, ni plus ni moins. Pas de grandes histoires, pas un fait sur lequel on se concentre, non, le quotidien relaté au fil des mois et des années. Un quotidien fait de hauts et de bas.

 

Nous les rencontrons en 1954 et refermons le livre quatre ans plus tard. En quatre ans, nous avons appris à aimer chacun des personnages, même le plus agaçant. Évangeline, avec son caractère autoritaire, règne sur sa maison et un peu sur son quartier. Sous son toit, vivent son fils cadet (Marcel), sa bru (Bernadette) et les deux (puis trois) enfants du couple (Laura, Antoine, Charles). Mais l’arrivée, pour quelques jours, de son fils ainé Adrien va modifier de façon à peine perceptible, la vie de cette famille. Évangeline va conserver son ton bourru, mais les relations avec Bernadette vont être assouplies, empreintes de complicité. Même Marcel dont le caractère vous donne envie de changer de trottoir, sait se rendre attachant car finalement, nous apprenons à la connaître. Si le premier tome s’intitule Laura et le deuxième Antoine, chacun n’est pas centré sur le personnage cité. Certes, un peu, mais la vie de chacun nous est parfaitement narrée. Cependant, le deuxième tome est très axé sur Antoine et ce qu’il vit, ce qu’il cache, l’horreur qui rythme son samedi après-midi. Nous lecteurs avons hâte que quelqu’un lui vienne en aide et cette aide arrivera à la dernière page et de la part d’une personne que nous n’attendions pas.

 

En écrivant une aussi longue série, l’auteur s’attarde à parfaitement bien décrire ses personnages. On les visualise comme on les entend, d’autant plus que pour rester fidèle à l’époque et au pays, elle retranscrit le parler de telle façon qu’on sourit parfois en lisant ces lignes : "Pis moé non plus ! On va dire que c’est à cause de d’la chaleur qu’a’ l’était comme ça, pis on en parle pus, O.K. ? Mais avant, j’veux que tu saches qu’a’ s’est excusée." Rassurez-vous, seuls les dialogues sont écrits ainsi !

 

Comme je le disais, on s’attache aux personnages, on lit avec plaisir ce qu’ils deviennent, comment ils évoluent. Et on partage leurs secrets, ils nous prennent tels des confidents dont ils sont sûrs que nous resterons silencieux. Et des secrets, beaux ou mauvais, il y en a ! Une remarque sur les personnages : doucement, l’auteur en inclut d’autres qui, au fil des pages, ont leur importance mais qui surtout ne sont pas inconnus pour les fans puisqu’il s’agit, pour certains, de personnages des autres romans de l’auteur. Je ne les ai pas lus, un jour peut-être…

 

Autre point intéressant : Louise Tremblay d’Essiambre débute son histoire à une époque où le progrès devient plus accessible. Ainsi, les Lacaille - ou plutôt Marcel - achètent une voiture, une télévision, voyagent, … Des petites touches historiques qui rendent le récit plus attractif.

 

Pourquoi lire cette chronique ? Parce qu’elle est attachante, tout simplement ! On grandit auprès de ces anti-héros qui n’ont rien pour eux mais qui vivent heureux avec ce qu’ils possèdent. J’ai aimé le côté simple de ces deux tomes, cette facilité avec laquelle l’auteur nous plonge dans un quotidien pas si éloigné que cela, dans un pays que je ne connais pas. Une écriture fluide est agréable, des histoires que l’on pourrait qualifier de quotidiennes mais qui nous séduisent. Que va décider Adrien ? Bernadette va-t-elle s’affirmer ? Et Antoine, va-t-il être sauvé ?

 

J’ai donc lu ces deux premiers volets avec plaisir, un réel plaisir qui, j’en suis sûre, ne s’estompera pas avec les tomes suivants. Car il est vrai que c’est une crainte évidente pour une série aussi longue, cependant la progression des héros tout au long des années ne peut engendrer l’ennui ! Enfin, je me prononcerai sincèrement une fois qu’ils seront tous lus !

 

Note: 20/20

  Coup de cœur !

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Commentaires: 9
  • #1

    Laura (lundi, 28 mars 2016 14:09)

    (commentaire du 26 septembre 2015, 20h05)
    Douze tomes ! Ohlala, mince alors ! J'ai très envie de découvrir cette série depuis quelques années mais je ne sais pas si je vais oser me lancer dans une si longue ... affaire à suivre :D
    Merci pour ta chronique complète en tout cas !

  • #2

    Les Mots de Gwen (lundi, 28 mars 2016 14:10)

    (commentaire du 27 septembre 2015, 13h12)
    En version pocket, ils ne sont plus que 6 ;) Franchement, ça se lit super vite, laisse-toi tenter :)

  • #3

    Alodis (dimanche, 10 avril 2016 11:18)

    J'ai eu une période où j'avais très envie de lire des romans québécois et j'étais bien sûr tombée sur cette saga mais finalement je n'ai jamais sauté le pas et cette envie est passée. Mais si elle revient, je me jette dessus !!

  • #4

    ODOT Sylvie (mardi, 12 juillet 2016 09:24)

    Bonjour

    Les avez-vous tous lu?

  • #5

    Les Mots de Gwen (mardi, 12 juillet 2016 12:41)

    Oui, jusqu'au dernier!
    Vous avez les liens de chaque tome dans l'index.
    Bonne lecture s'il est au programme!

  • #6

    ODOT Sylvie (mardi, 12 juillet 2016 14:38)

    merci pour votre réponse , cette série est dans ma longue liste, je lis un policier tiré d'une série télévisée "broadchuch" très bon roman
    A bientôt

  • #7

    Les Mots de Gwen (mercredi, 13 juillet 2016 13:44)

    Très bonne lecture! Et j'espère que Mémoires d'un quartier sera une belle découverte :-)

  • #8

    Buckette (vendredi, 23 décembre 2016 17:54)

    Ça a l'air charmant ! 12 tomes par contre il va falloir s'accrocher ! :)

  • #9

    Les Mots de Gwen (jeudi, 02 février 2017 16:41)

    Oui mais ils en valent la peine!