Louise Caron - Chronique des jours de cendre

Février 2007, dans la banlieue de Bagdad, le père de Naïm est tué lors d'une intervention militaire. Bouleversé, le jeune artiste pacifique décide de s'engager auprès d'une bande armée pour laver l'affront. Sohrab, sa compagne, ne parvenant pas à le raisonner, décide de l'accompagner dans sa quête de vengeance. Les relations se tendent entre le jeune homme qui essaie de se convaincre que la violence peut être une solution, et Sohrab qui lui rappelle en permanence l'absurdité de sa situation.

Dans le même temps, Niko Barnes, soldat américain mélancolique, s'interroge sur les raisons de son engagement. Il couche ses pensées dans des cahiers où se mêlent souvenirs de son pays, doutes envers sa hiérarchie et culpabilité envers les Irakiens. Sévèrement traumatisé par la mort d'un de ses camarades, il lutte en permanence pour ne pas se noyer dans les remords.

Les chemins des personnages finiront par se lier au hasard d'événements sur lesquels ils n'ont aucune prise, et qui conduiront leur histoire à une fin funeste, aussi absurde et brutale que peut l'être une situation née d'une guerre qui n'avoue jamais son nom. Louise Caron tisse une histoire dans l'Histoire, sans parti pris, avec toujours une grande justesse de ton qui mène le lecteur à questionner le rapport à l'autre: qu'est-ce qu'un ennemi ? La vengeance peut-elle appeler autre chose qu'une violence égale en retour ?

 

Mon avis:

 

J'ai refermé ce livre il y a quelques minutes, avec un sentiment si fort que je ne voulais pas risquer que celui-ci s’estompe en ne rédigeant pas de suite ma chronique.

 

Le résumé est très explicite, inutile de revenir dessus. A dire vrai, lorsque Louise Caron m'a proposé de découvrir son roman, c'est le titre qui m'a attirée davantage que le résumé. Tout simplement parce que je le trouvais mystérieux, attractif, sombre. La guerre en Irak, non pas que je m'en fiche, mais je dois reconnaître qu'elle fait partie de ces guerres qui me donnent l'impression d'avoir toujours existé si bien qu'il est difficile de se faire un réel avis tant les raisons de se battre ont changé au fil du temps.

 

Nous évoluons aux côté de Naïm, de Sohrab sa petite amie, et de Niko, un militaire américain. Naïm décide de rejoindre un groupe terroriste pour venger son père, Sohrab décide de le suivre car elle l'aime. Oui mais Naïm est un tendre, un artiste, un homme qui n'aime pas la violence. Alors vient le moment où l'entraînement et la vie au camp deviennent trop difficiles et il décide de partir avec Sohrab. En parallèle, nous suivons les états d’âmes de Niko, un militaire qui se demande ce qu'il fait en Irak, à quoi mène cette guerre et si sa femme l'aime encore. Cet homme est clairement torturé et malgré la souffrance qu'il ressent, j'ai eu l'impression que cette torture psychologique, il l'aime, il la désire, il en a besoin.

 

J'ai apprécié chacun des trois personnages pour leurs caractères parfaitement définis. J'ai eu de la peine pour Naïm qui s'engage pour de mauvaises raisons, j'ai compris Sohrab lorsqu'elle décide de le suivre, je comprends Niko et ses remords. Ils ont réussit à me toucher chacun à leur façon.

 

Louise Caron nous dépeint quelques mois d'une guerre, mais sans mots violents, sans passages trop sanglants. Une touche de sensibilité qui ne déshumanise pas le conflit et ceux qui y participent de leur propre volonté ou pas. Je ne sais pas si les hommes sur la base militaire se comportent tel quel (je pense à Straw), mais j'ai aimé les oppositions de caractères. La plume est belle, fluide, L'histoire, tout simplement magnifique et ce malgré le contexte. Pas une seconde je n'ai ressenti de lassitude. Mais la fin... Mince alors, je ne m'attendais pas à ça ! L'auteur ne prend aucun parti par rapport à la guerre, elle place des personnages qui sont pour, d'autres qui sont contre, d'autres qui subissent.

 

Le sentiment qui me domine à la fin de ma lecture c'est une grande tristesse car oui, ce conflit perdure (et il n'est pas le seul, malheureusement), mais on oublie trop souvent - selon moi - de parler de ceux qui sont au cœur même de ce carnage, de ceux qui subissent: les habitants du pays cité. La façon dont leur vie fut bouleversée est habilement expliquée ici. Et on se dit que nous avons bien de la chance de vivre là où l'on vit...

 

Un énorme merci à Louise Caron pour m'avoir permis de découvrir ce très beau roman. Merci aussi aux Éditions Aux Forges de Vulcain :-)

 

Note: 19/20

 Coup de cœur !

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