Cornélia De Preux - L'aquarium

Lors d’une fête entre voisins, Constantin Birgus fanfaronne. Il a prévu d’emmener sa femme et ses trois enfants aux Iles Fidji cet été. Un rêve en réalité inaccessible, pour des raisons financières. Constantin pourtant s’obstine et raconte à tout le monde qu’il a réservé l’avion, l’hôtel, les excursions. Le jour du départ approchant à grands pas, il doit finalement exposer à sa femme son vrai projet de vacances… 

L’Aquarium, une fable contemporaine, un huis-clos familial où un homme, prisonnier de sa propre folie et obsédé par un plan étrange, entraîne les siens dans un monde totalement incongru, voire diabolique.

 

Mon avis:

 

Au cours d’un barbecue, Constantin déclare à tous qu’ils vont partir dans un endroit paradisiaque pour les vacances d’été. Si au début, sa femme Tatiana est surprise, elle tente de lui faire prendre conscience de l’absurdité de son idée au demeurant, irréalisable. Entêté, Constantin va s’enfermer dans son projet et obliger sa famille à le suivre. Ils vont passer deux semaines de vacances enfermés dans la cave, obligés de rester cloîtrer. Et tout le monde sait que l’enfermement peut mener à la folie…

 

L’aquarium, c’est l’histoire de cet homme qui, pour ne pas perdre la face et ayant quelques difficultés à assumer sa différence sociale (un travail usant, un salaire faible, des vacances à la campagne) décide de mentir face à des voisins qui exposent leur bonheur et leur richesse. Si bien qu’il croit dur comme fer à son projet et s’y consacre pleinement afin que tout se passe bien. Dans ce premier roman, l’auteure met en avant les thèmes de la fascination, de l’assujettissement, la manipulation, la domination, la soumission et le bon sens - ou pas ! Et je dois avouer qu'elle a parfaitement su décrire les différents processus : que ce soit Tatiana qui capitule face à son mari qui vit réellement son projet, ou encore l’obéissance qu’engendre la simple vue d’une arme pointer sur soi. L’accroissement de l’assujettissement est flagrant en ce qui concerne Tatiana. Pour protéger ses enfants, elle accepte la folie de son mari en rêvant de l’après, un monde dans lequel elle pourra divorcer, retourner en Russie, … C’est d’ailleurs ses rêves qui la tiennent debout.

 

Constantin et Tatiana sont les personnages les mieux décrits. A différentes reprises, l’auteur insiste sur la faiblesse de Tatiana, une faiblesse qui perturbe son mari puisqu’il voit son autorité sapée mais surtout, son orgueil en prend un coup quand il comprend que tout ne peut pas bien se finir. Les enfants sont décrits par quelques traits de caractères que l’on pourrait qualifier de "clichés" mais qui finalement, sont fidèles à la réalité ce qui les rend tout à fait crédibles.

 

Le titre est excellemment bien choisi : l’aquarium est, pour sa première définition, un récipient de verre destiné à accueillir des poissons ; ici, l’aquarium, c’est la cave dans laquelle sont obligés de vivre les membres de la famille Birgus. Obligés de tourner en rond, impossible de sortir, ils sont "condamnés" pendant deux semaines à l’enfermement. Un titre, une métaphore parfaite qui permet de cerner dès le début le thème du roman.

 

Un roman qui me laisse toutefois sur ma faim… En effet, on ne sait pas ce que devient la famille ! Il est aisé d’imaginer différents scenarii : Constantin et Tatiana ont-ils divorcé ? La famille, pour laquelle il est impossible de réapparaitre dans son quartier, a-t-elle déménagé et changé de nom ? Ou pire, quand on lit les tensions développées au cours de ces deux semaines, est-il possible que Constantin se soit servi de son arme ? Vous l’aurez compris, c’est à vous lecteur d’imaginer la fin ! C’est le seul point négatif de ce roman qui, selon moi, mérite sa place parmi les meilleurs : Cornélia De Preux dresse le portrait d’une famille dont le leitmotiv est l’apparence, une situation finalement bien actuelle puisqu’il s’agit, un peu, du reflet de notre société. Heureusement, tout le monde n’agit pas comme Constantin !

 

Dernier point : l’écriture ! Fluide, elle est très agréable à lire. Des phrases courtes qui vont au but, peu de descriptions, juste l’essentiel, de quoi nous garder captiver par cette histoire qui possède son propre univers, un univers dans lequel je retrouve un peu du théâtre de l’absurde (Ionesco) mêlé à une pointe d’existentialisme (Sartre).

 

Un grand merci aux Editions Plaisir de Lire qui m’ont permis de découvrir un auteur prometteur !!

 

Note: 16/20

Coup de cœur !

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