Celeste Ng - Tout ce qu'on ne s'est jamais dit

Lydia est morte.

Lydia Lee, seize ans, est morte. Mais sa famille l’ignore encore…

Sa mère, Marylin, femme au foyer, rêve que sa fille fasse les études de médecine qu’elle n’a pas pu accomplir. Son père, James, professeur d’université d’origine chinoise, a tant souffert de sa différence qu’il a hâte de la retrouver parfaitement intégrée sur le campus.

Mais le corps de Lydia gît au fond d’un lac.

Accident, meurtre ou suicide ? Lorsque l’adolescente est retrouvée, la famille Lee, en apparence si soudée, va devoir affronter ses secrets les mieux gardés. Des secrets si longtemps enfouis qu’au fil du temps ils ont imperceptiblement éloigné ses membres, creusant des failles qui ne pourront sans doute jamais être comblées.

 

Mon avis: 

 

Je m'attendais à un thriller, il en a été tout autre... 

 

Nous plongeons d'emblée dans l'histoire avec l'absence de Lydia. Sa mère ne la trouve pas. Tout le monde la cherche, mais elle demeure introuvable. L'enquête commence, c'est le moment pour ses parents de réaliser que leur fille n'a pas d'amis. Eux, qui pensaient la connaître, prennent conscience que leur fille est un mystère. Car les petites révélations s'enchaînent. Jusqu'à la découverte de son corps au fond du lac. Si défiguré que James - son père - est le seul à l'avoir vue ; il a épargné ce moment à sa femme. A partir de là, nous faisons parfois des bonds dans le temps, pour découvrir comment les parents de Lydia se sont rencontrés, les relations avec son frère et sa sœur, avec les autres, ... Et petit à petit, on comprend ce qui est arrivé à Lydia. 

 

Ce roman n'est donc pas un thriller. Ne vous attendez pas à frémir, à être face à un turn-over de dingue. Celeste Ng nous plonge  au sein d'une famille qui vit un drame et nous oblige à découvrir tous les non-dits qui ont conduit à ce drame. Inévitable ? Non, je ne pense pas. Il aurait fallu modifier certaines trajectoires des années plus tôt. Le drame se joue au début des années 1980, mais pour la famille de Lydia, tout est parti en vrille dès les années 1960. 

 

"Elle absorbait les rêves de ses parents (...)"

 

James, le père de Lydia, est chinois et doit faire face au racisme ambiant. Marylin est américaine et intégrée dans cette Amérique puritaine. Si son mariage créé des vagues, elle demeure fidèle à son amour pour James. Elevée par une mère qui voulait la transformer en parfaite femme d'intérieur, Marylin se rebelle pour réaliser ses rêves. Seulement, elle tombe enceinte. Nathan, son fils ainé, suivi par Lydia. Malheureuse dans sa vie de femme au foyer, elle plaque tout pour reprendre ses études, abandonnant sa famille. Mais là encore, un autre bébé. Résignée à sa vie, Marylin reporte tous ses espoirs sur sa fille. C'est là que le bât blesse. Elle en a occulté Nathan et sa troisième, Hannah. Totalement inutiles, invisibles. Seule Lydia comptait. Et Nathan était le seul à le voir et à soulager sa sœur qui vivait mal cette situation. 

 

Ce roman, c'est donc une introspection complète d'une famille qui repose sur les apparences. Si l'on regarde, tout va bien. Mais si l'on creuse, on perçoit le malaise de Lydia qui doit étudier dès le petit-déjeuner, la rage de Nathan qui constate que ses succès ne dominent pas les échecs de sa sœur, la frustration de Marylin, les silences de Hannah ou encore, la résignation de James qui espère toutefois autre chose pour ses enfants et qui le montre maladroitement. On sait que tous ces silences ont conduit à la mort de Lydia et finalement, on cherche seulement à savoir pourquoi, et non comment. 

 

Petit à petit, l'autrice décortique cette famille et nous dépeint les vraies personnalités qui doivent se fondre dans la masse. On traverse avec eux l'épreuve du deuil que chacun gère à sa façon. 

 

Cette introspection est aussi une critique de la société (et je rappelle que l'histoire se déroule dans les années 1960/1970/1980) avec cette vision de la femme au foyer qui cuisine pour son mari et ses enfants (la référence au livre de cuisine de la parfaite ménagère est top !), le racisme, la position de la femme, l'homosexualité, l'ambition qui se heurte aux évènements de la vie. 

 

Les personnages ne m'ont pas séduite, sauf Jack, le voisin. James est la définition même de la faiblesse, il ne se bat pour rien, il prend, subit, enrobe pour faire passer un mauvais coup ; Marilyn est devenu la mère bourrée d'ambition pour sa fille, tout ce qu'elle a reproché à sa mère mais qu'elle a fini par reproduire ; Nathan et Lydia ont trop fermé les yeux et accepté sans se battre - excepté Nathan qui a ouvert les yeux après la mort de sa sœur -, Hannah, complètement muette qui évolue dans cette famille avec cette façon admirable pour se rendre invisible. Non, vraiment, je n'ai été emballée par aucun des protagonistes de la famille Lee. Jack, à contrario, est mature et même s'il cache des choses, il ne se laisse pas ronger par son secret, à la différence des enfants Lee. 

 

Si les thèmes sont intéressants, ils n'ont malheureusement pas su me séduire. Je pense que j'aurais aimé davantage de sombre, davantage de psychologie. L'écriture était trop linéaire, et ce même pour évoquer les évènements graves. C'était, pour faire le parallèle, aussi lisse qu'une recette de cuisine. Même les passages liés au deuil ne m'ont pas émue. Je n'ai rien ressenti. L'autrice n'a pas su me transmettre la peine de cette famille, le désarroi qui l'habite, la rage de vouloir trouver un coupable. 

 

Le dénouement et la scène finale m'ont laissés un goût amer car sans réelles réponses, selon moi. 

 

Note: 13/20

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