César Aira - Les fantômes

A Buenos Aires, le soleil frappe fort sur l’immeuble en construction de la rue Bonifacio. En ce dernier jour de l’année, date initialement prévue de l’achèvement du chantier, les futurs propriétaires sont venus constater l’avancement des travaux. La famille Viñas, chargée de veiller à ce que personne ne pénètre dans le chantier, s’est précairement installée au dernier étage du bâtiment et s’apprête à célébrer le réveillon. Mais, traversant les étages et les cloisons, une bande de fantômes a également investi les murs. Des fantômes que les membres de la famille Viñas sont les seuls à pouvoir voir. Patri, la fille ainée, se lie particulièrement avec eux. Rongée d’incertitudes, peu en phase avec les humains qui l’entourent, préfèrera-t-elle la compagnie des fantômes à celle de sa famille pour fêter le passage à l’année nouvelle ?

 

Mon avis:

 

A chaque fois que je choisis un roman, je me renseigne un peu sur l’auteur. J’ai donc lu que César Aira est un auteur peu connu en France mais dont le succès n’est plus à discuter en Amérique Latine. J’étais donc curieuse de ce personnage qui, toujours d’après mes recherches, possède un univers particulier et propre à lui.

 

Et je dois reconnaître que Les fantômes fut une surprise à plus d’un titre !

 

Les Editions Bourgois - que je remercie grandement - m’ont permis de découvrir César Aira avec ce roman écrit en 1987 ! Vieux ou pas, tout dépend de quel point de vue l’on se place, il n’en demeure pas moins que ce qui m’a interpellée dans un premier temps, c’est l’écriture. Pas de chapitres, l’auteur a écrit d’une traite. C’est bien simple, il donne l’impression d’avoir noirci les pages au fur et à mesure de sa réflexion sans que cela ait été mis en forme. Ça surprend, mais on s’habitue !

 

On s’habitue aussi à son style qui mêle très habilement le réel et le fantastique. Et ce qui est saisissant, c’est la précision avec laquelle il nous décrit toutes ces scènes, si bien que l’on ne sait pas très bien ce qui est vrai de ce qui ne l’est pas. Un style poétique pour nous raconter l’histoire de cette famille qui vit au dernier étage d’un immeuble en construction :"Par ailleurs, que le centre de l’anneau soit «vide» est une chose tout à fait discutable, étant donné qu’il est déjà occupé par l’espace qui le définit comme centre." Comme je le disais précédemment, la mise en forme est particulière : aucuns dialogues ! Les quelques dialogues sont intégrés au texte et ne bénéficient ni d’un retour à la ligne ni d’un alinéa. Cela dit, le fait que les dialogues fassent partie intégrante du récit n’empêche aucunement la compréhension, cela donne au contraire un aspect comique au texte : "Au lit, sinon maman va te donner la fessée, lui dit-elle. Le gamin, obéissant et à moitié endormi, se dirigea vers l’escalier. Où est Jacqueline ? lui demanda-t-elle." Notons aussi que les dialogues sont peu nombreux ; en effet, nous avons plus de narration, une narration qui nous détaille les faits et gestes - mais aussi les réflexions - de nos protagonistes.

 

Contrairement à ce que l’on peut imaginer, le roman ne se concentre absolument pas sur les fantômes. Ces derniers tiennent une place que je qualifierais de mineure à la différence des autres personnages que l’auteur s’attarde à décrire jusque dans leurs pensées. Les fantômes, justement. Ils sont amusants dans le sens où ils ne respectent pas les lieux et se promènent entièrement nus. Des fantômes que seule la famille Viñas peut voir ce qui donne à l’histoire et aux scènes un petit côté absurde et rend la situation moins tragique. Car elle pourrait l’être dans la mesure où la famille Viñas est pauvre, terriblement pauvre, mais semble accepter cette situation qui ne peut être que temporaire. César Aira analyse et critique la situation des émigrés en dépeignant, souvent de façon caricaturale, cette population.

 

L’auteur nous offre une fin que je trouve un peu précipitée. Tout le roman se déroule sur une journée mais l’instant décisif est résumé en quelques lignes. Ce qui me laisse un peu sur ma faim en ce qui concerne les réelles raisons de Patri et les réactions de sa famille.

 

Pour finir, je dirais que Les fantômes est un roman que je ne regrette absolument pas d’avoir lu, et ce, même si je reste un peu sur ma faim en ce qui concerne la fin. Un roman que l’on lit avec beaucoup de plaisir et d’avidité afin de savoir ce que Patri va décider.

 

Note: 15/20

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