Fedor Dostoïevski - Le sous-sol

Dans Le Sous-sol, un de ces superbes maniaco-dépressifs comme Dostoïevski sut les inventer avant que Freud les mît à la mode.

 

Mon avis:

 

Après Les Nuits blanches, j’ai découvert une autre œuvre de Dostoïevski.

 

Sous forme de monologue, un simple journal intime, le héros, 40 ans, nous explique qu’ancien fonctionnaire, il a démissionné et vit aujourd’hui d’un petit héritage. Si au début on peut s’attendre à ce qu’il nous raconte sa petite vie, il n’en est rien. Cet homme - dont le prénom n’est jamais cité - est rempli d’une haine qui n’a de cesse d’augmenter au fil des pages.

 

Il nous explique rapidement le sujet de son journal : "Mais de quoi un honnête homme peut-il parler avec le plus de plaisir ? Réponse : de soi-même. Eh bien, je vais donc parler de moi-même !". Finalement, n'est-ce pas le sujet que l'on connaît le mieux ?! Tout dépend, bien sûr, mais l'analyse de soi s'impose parfois, même si on ne le veut pas ! Au fil des pages, il va donc nous parler de lui et de son rapport aussi bien avec le monde qu’avec les autres. Mais surtout de son désir d’indépendance (indépendance d’agir, indépendance de penser). Il vit dans un sous-sol pour une raison toute simple : c’est en ce lieu que se trouve sa vie, son niveau en général. Il pense s’élever par la pensée ( ! ) mais élève surtout sa colère contre les gens "d’en haut", ceux qui agissent sans réfléchir alors que lui, qui pense, analyse, réfléchit, reste en bas.

 

Dostoïevski décrit un homme dont le paradoxe est que malgré son inaction gestuelle, sa réflexion est en mouvement constant. Comme je le disais, il réfléchit beaucoup mais analyse énormément ; il cherche à échapper à la logique qui souvent s’impose d’elle-même, mais aussi à la morale des hommes : "La conscience raffinée nous dit, par exemple : oui, tu as raison, tu es une canaille ; mais le fait que je puis constater ma propre canaillerie ne me console nullement d’être une canaille."

 

Cette analyse franche prête à sourire car finalement, il n’a pas tort ! Il est aisé de transporter ce discours sur la canaillerie sur d’autres sujets ! Dostoïevski avait une vision bien moderne !

 

Dès les premiers mots, ce narrateur se déclare malade du foie depuis vingt ans. Selon moi, il est malade d’une toute autre façon : psychologique. Un peu hypocondriaque ? Certainement ! Une assurance à toute épreuve lui laisse entrevoir l’idée que sa façon d’agir est bien mieux que celle d’untel. Son orgueil s’en trouve démesuré et le coupe de toutes relations sociales (en désire-t-il ?), ce qui le conduit à une solitude qu’il semble apprécié (dans la mesure où les autres lui sont inférieurs).

 

Un roman dont je ne regrette pas la lecture bien qu'il soit rapide à lire !

 

Note: 14/20

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