Ovidie (& Diglee) - Baiser après #metoo

À l'heure de la libération de la parole, Ovidie choisit la forme épistolaire pour s'adresser aux hommes et revenir sur des situations anormales vécues par presque toutes les femmes. Que leur dirait-on aujourd'hui ? Oserions-nous évoquer des comportements douteux à un moment de la relation ? Quel est l'état des lieux de nos fantasmes ? Tout reste à reconstruire entre les sexes. De ce champ de ruines renaîtra peut-être une sexualité plus apaisée et plus joyeuse.

 

Mon avis: 

 

Deux livres pour un seul? J'ai été surprise autant que vous, c'est pourquoi j'ai emprunté les deux, afin de comprendre pourquoi deux livres avec un seul et même titre. Le premier (le rouge), édité en 2020 contient un peu plus de 100 pages; le second (le vert), édité en 2023, presque 150. Sensiblement identiques - certains chapitres sont un simple copier coller - le second s'est enrichi au gré de l'actualité et de la société qui, mine de rien, a évolué en trois ans. Je trouve toutefois dommage que le mot "#complément" n'ait pas été ajouté sur le vert afin d'avertir le lecteur. 

 

"Il est vrai que l'on n'a jamais autant parlé de consentement que depuis cet octobre 2017 où tout a éclaté. Depuis, c'est comme si on vous avait châtrés, comme si plus rien ne vous était autorisé. En réalité, nous, tout ce qu'on voulait c'était ne plus être agressées, harcelées, violées. Ce n'était pas bien compliqué. Ca s'est transformé en 'Ah bah maintenant, on ne va plus rien oser faire!'"

 

Ovidie, dois je la présenter? Beaucoup la connaissent car actrice et réalisatrice. Pour ma part, c'est surtout via les médias et ses prises de positions que je connais cette femme. Ancienne actrice porno, elle cite parfois son expérience pour éclairer des situations. 

 

Sous forme épistolaire (de courts textes ayant une moyenne de trois pages), Ovidie décrypte les tendances en matière de sexe et démonte certains clichés. Des permissions que les hommes prennent, de l'influence de la société qui dit qu'il faut faire ci ou ça, de l'ampleur que prend le porno dans la vie des jeunes (et moins jeunes), Ovidie s'adresse à tous les hommes dans des lettres qui se catégorisent très simplement: "Lettre à celui qui se plaint de se faire constamment friendzoner", "Lettre à celui qui m'a dit que je n'étais pas sexy", "Lettre à celui qui m'a dit que j'étais folle", ... Les exemples sont nombreux et mettent en avant toutes ces catégories d'hommes - et/ou de situations - rencontrés par des femmes. Heureusement, toutes ne rencontrent pas ce type de situations, mais il suffit d'une fois. 

 

Roman graphique, ce livre met des mots sur des situations et souligne ce qui est presque devenu une norme, une banalité. Sans porter de jugements, Ovidie analyse en fonction de son ressenti, de son expérience. Elle y ajoute parfois l'expérience d'amies, mais il n'en demeure pas moins que ce livre est très personnel, et  malgré cela, il est accessible à tous puisque tout le monde peut être concerné par un point, une lettre. 

 

J'ai beaucoup aimé l'approche personnelle justement, rien de pire que des gens qui parlent de faits mais sans les avoir vécu. Le point négatif que je vais relever concerne le parti pris. Je trouve qu'Ovidie explore énormément le côté féminin du problème sans évoquer le point de vue masculin. Alors oui, me direz-vous, c'est une femme et elle s'appuie sur ses expériences pour écrire, mais quelques réponses selon un point de vue masculin auraient été un plus. 

 

Note: 16/20

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Commentaires: 2
  • #1

    Les lectures de Marinette (dimanche, 12 mai 2024 19:28)

    Une troisième version verra peut-être le jour dans quelques années avec un point de vue masculin en plus. C'est vrai que cela pourrait être intéressant. D'Ovidie & Diglee, j'ai lu et apprécié "Libres ! Manifeste pour s'affranchir des diktats sexuels" il y a trois ou quatre ans.

  • #2

    Les Mots de Gwen (lundi, 13 mai 2024 13:58)

    Je le note avec plaisir :-)
    Je pense que le point de vue masculin peut-être intéressant, à voir s'il voit le jour !