Jean-Marc Souvira - Le vent t'emportera

Août 2003. Le cauchemar recommence. Trois femmes retrouvées à leur domicile parisien, entravées, le visage lacéré à coups de miroirs brisés. Sur leurs corps nus, un morceau de papier reprenant une phrase de l'Écclésiaste.

Trois meurtres en tout point identiques à une autre série remontant à quelques mois. Mais dont l'auteur a déjà été arrêté... Erreur judiciaire, mimétisme, complot ? Dans la touffeur de la canicule d'août 2003, les pistes s'ouvrent et se referment.

Un élément, quelque part, a forcément échappé aux policiers. Une évidence juste là, sous leurs yeux, de l'autre côté du miroir...

 

Mon avis:

 

En réalité, je trimbale ce roman depuis un an et demi (au moins). A l’époque où je travaillais en librairie, j’avais la possibilité d’avoir certains titres gratuitement, et j’avoue que celui-ci m’a attirée. Maintenant, pourquoi j’ai tant tardé à le lire ??? J’en sais rien ! Et c’est avec une pointe de regret que je dois reconnaître avoir fauté terriblement tant il est bon !

 

Premier bon point : l’auteur - Jean-Marc Souvira - (dont nous lisons ici le deuxième roman) est un flic dans la vraie vie (si je puis le dire ainsi !). De ce fait, le roman est archi précis sur le déroulement de l’enquête, les investigations, les différentes coordinations entre les services, …  Deuxième bon point : certes, le langage est précis, mais tellement bien narré qu’à la lecture, j’avais l’impression d’être plongé au cœur du 36 quai des Orfèvres. Comme si je réalisais un reportage ! C’est l’un des qualités premières de ce roman : parfait aussi bien dans l’écriture que dans le scénario.

 

Donc, trois meurtres commis à Paris, trois meurtres identiques à ceux perpétrés dans l’Oise moins d’un an auparavant… Il y a de quoi rester perplexe ! Mistral - le chef - et son équipe vont se perdre dans les méandres de cette enquête. Une piste qui n’aboutit à rien, un indice trop faible, … Dès qu’ils semblent proches de découvrir la vérité, celle-ci s’éloigne davantage.

 

J’ai beaucoup aimé la construction du roman qui sème le doute dans la tête du lecteur. En effet, rapidement, nous suivons le tueur que Souvira nomme "L’homme". Reste à savoir qui est cet homme ?! Je ne dirais pas d’emblée, mais presque, nous savons que le tueur côtoie les policiers (dans mon édition, avant la centième page pour un livre qui en compte plus de 500). Résultat, nous suivons cet homme et la police, sachant qu’ils se rencontrent. Toutes les théories s’affolent car sur place, il y a les flics, les pompiers, les pompes funèbres, le médecin légiste, … Beaucoup de possibilités, d’autant plus que "L’homme" se trouve à plusieurs reprises dans un camion avec ses collègues. En parallèle, j’ai trouvé que Dalmate était bizarre, ce qui le rend aussi suspect. Je ne dévoilerais pas la petite idée qui m’a traversée l’esprit à son propos, mais elle tient la route si l’on en juge son attitude ! Des petits indices, distillés au fil des pages, nous permettent de comprendre l’affaire.

 

Le vent t’emportera est un bon suspense ; pas violent, si ce n’est les trois scènes de crimes, et encore. Comme je le disais, Jean-Marc Souvira nous sert sur un plateau le nom du meurtrier, tout tient dans l’attente de le voir se faire prendre. Et ce ne sera pas facile. Le dénouement est excellent ! Même si on le comprend quelques cinquante pages avant la fin, on apprécie le comportement de Mistral et de son équipe. Un suspense un brin psychologique dans la mesure où le meurtrier souffre de schizophrénie. L’épilogue, axé sur un fait rarissime, nous en apprend davantage sur les problèmes psychologiques. Un chouïa flippant quand on y pense un peu trop ! Nous entrons dans la tête de cet homme qui nous décrit ses douleurs mais aussi le plaisir ressenti quand il fait du mal autour de lui.

 

Autre point qui m’a plu dans le roman, c’est l’insertion des pages du journal de vie et des rêves de J.P Brial, homme enfermé depuis un an pour les trois premiers meurtres mais dont les écrits sont sensiblement les mêmes que ceux de "L’homme". Bref, on navigue sans se noyer car Jean-Marc Souvira ne nous étouffe pas avec du superflu.

 

Enfin, les personnages. Mistral est un homme fatigué et torturé par ses insomnies (qui trouvent leurs origines en l’affaire précédente qui fut une épreuve) auquel on s’attache et dont on souhaite la réussite. Dalmate, plus que mystérieux, est un ancien séminariste reconverti en flic ! Sans oublier Calderone qui a un côté attachant. Les autres aussi ont leurs charmes, chacun une personnalité qui sert le roman. Sauf peut-être Clara, la femme de Mistral, qui se fond entre les lignes dans le sens où elle intervient sans trop intervenir : elle envoie un psy à son mari, on le sait. Elle l’aide et le soutient, mais sans être trop présente.

 

A la rigueur, le seul point négatif du roman, c’est l’accident dont est victime Morin. Je ne vois pas son utilité. En fait, cela donne l’impression que Souvira ne savait pas quoi faire de ce personnage, ce qui l’oblige à s’en débarrasser et à l’expédier à l’hôpital. Mis à part ça, c’est un petit plaisir à lire.

 

En plus de cela, j’ai appris des petites choses sur l’ADN, la formation des empreintes digitales, le système policier français (complètement différent de ce que l’on voit dans les séries TV, le plus souvent américaines), les maladies mentales, …

 

Le titre m’a laissée perplexe jusqu’aux derniers mots qui sont : Le vent t’emportera. Que c’est drôle ! Phrase prononcée à la suite de l’affichage de la photo d’une victime sur un arbre. Selon moi, c’est tout simplement qu’une fois mort, le vent nous emporte, souvenir, âme et corps. Il ne reste rien de nous. Bon, tout ça, c’est mon interprétation !

 

Je vais voir quel est son premier roman et s’il me plaît, me le procurer. Car s’il est aussi bon que celui-ci, je sais que je ne le regretterais pas !

 

Note: 18/20

Coup de cœur !

Écrire commentaire

Commentaires: 0